Culture

Al Qomni, victime de l’inquisition intégriste

© D.R

Une nouvelle bavure intégriste, une de plus, mais cette fois de trop. Faraj Fouda et Hamed Abou Zeïd ne sont pas les seuls à avoir dû battre en retraite, après avoir été menacés de mort par les fous illuminés de la vulgate intégriste égyptienne. Mahmoud Al Qomni, le célèbre chroniqueur de notre confrère égyptien l’Hebdo « Rose-el-Youssef », vient d’annoncer qu’il cesserait d’écrire. Une décision qui intervient après qu’un groupe intégriste égyptien, « Les lions du Jihad», a édicté une fatwa le sommant à déclarer, par écrit, le reniement des idées «hérétiques» qu’il aurait publiées dans l’Hebdo caïrote.
Dans cette fatwa, le groupe en question avait donné à l’intellectuel un ultimatum de 7 jours pour faire acte de «pénitence». Mahmoud Al Qomni, qui a déclaré sa «pénitence» sur le portail de « Rose-el-Youssef»,  a justifié cet acte par des considérations familiales. En effet, l’intellectuel ne veut pas exposer la vie de ses enfants au danger. «Le restant de ma vie, je veux le consacrer à ma progéniture», a-t-il écrit, après avoir précisé ne pas assumer ce qu’il avait écrit sur les colonnes de l’Hebdo égyptien. «J’imaginais que ce que j’écrivais devait susciter l’éveil des gens, des fois je faisais exprès de durcir le ton, l’objectif étant de secouer ces gens (…) j’avoue que cesser d’écrire sera (pour moi) une mort lente, d’autant plus que l’écriture est ma bouffée d’oxygène, mais cela me permettra de consacrer le reste de mes jours à mes enfants », a-t-il expliqué, avant de souhaiter que sa « pénitence » soit acceptée par le groupe qui veut sa peau.
La menace de mort proférée par « Les Lions du Jihad » a été prise au sérieux par l’intellectuel, elle est d’ailleurs sans équivoque : « Nous ne plaisantons pas.. Croyez-le ou ne le croyez pas, mais nous ne réitérerons pas notre menace. Il vous serait inutile d’en informer les services de Renseignements, ils ne réussiront à vous protéger que provisoirement, après vous serez une proie facile pour les Lions de l’Islam », peut-on relever dans le texte de la fatwa.
Que peut-on maintenant dire de l’acte de Mahmoud Al Qomni ?
Sa décision est certes compréhensible à quelques égards, mais elle s’inscrit hélas en porte-à-faux avec l’un des principes élémentaires pour un intellectuel : défendre et assumer ses idées coûte que coûte. Comme l’ont fait d’ailleurs bien des penseurs avant Mahmoud Qomni, dans des conditions qui seraient encore pires que celles qui sont le lot de notre époque. Il suffit de rappeler, à cet égard, le courage intellectuel des frères Heinrich et Thomas Mann face à la bête brune du Führer Hitler, l’architecte exécrable de la campagne sanguinaire la plus abjecte dans l’histoire de l’inquisition anti-intellectuels. Mahmoud Al Qomni n’est pas sans savoir que sa décision, au-delà de son aspect individuel, apporte de l’eau au moulin d’une «idiologie» intégriste qui, encouragée par son acte, tentera de faire plier d’autres plumes éclairées, notre seul rempart contre le long soir promis par les longs bras poilus. Cesser d’écrire, comme l’a fait M. Al Qomni, c’est se condamner à une mort encore plus désastreuse : la mort à petit feu. Pour conclure, reprenons à notre compte un proverbe zoulou très édifiant : «si tu avances tu meurs, si tu recules tu meurs, alors pourquoi reculer ?».

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