Culture

Ambiance maussade au SIEL

Quelle mouche les a donc piqués pour décider d’ouvrir un salon du livre un lundi ? Cette question revient dans la bouche de plusieurs professionnels de l’édition. Ils ne comprennent pas le bien-fondé du timing du 9ème Salon International de l’Edition et du Livre (SIEL). Un salon s’ouvre généralement un jeudi et enregistre son taux d’affluence record le week-end.
Plusieurs personnes ont espéré que ce salon, déserté le premier jour, se remplisse de visiteurs le lendemain. Rien de tel. Mardi dernier, on peut dénombrer encore une fois plus d’exposants que de visiteurs. Les professionnels s’ennuient dans leurs stands. Leurs livres sont momifiés dans les rayonnages et sur les présentoirs. Rares sont ceux qui dérangent leur sommeil en les feuilletant. Les seuls stands où l’on voit des personnes attroupées sont ceux qui vendent des livres islamiques. Et pas seulement des livres, mais également des cassettes et des C.D. Il y a lieu de s’interroger sur les clients de ces stands qui sortent du salon avec des sacs remplis de produits.
Toujours est-il que les exposants qui les commercialisent s’ennuient moins que les autres. Le stand du livre amazigh est également bien fréquenté. Un client nous confie : « Ce sont des livres que l’on ne se procure pas facilement ailleurs, il est normal que l’on vienne ici pour les acheter ». Un autre, chargé de nombreux livres, nous dit : « J’achète ces livres pour soutenir la culture amazighe. J’ignore tout de leurs auteurs, mais il est de mon devoir d’encourager l’édition berbérophone ». Ce stand est orné d’un grand portrait du poète Mohamed Khaïr-Eddine. Les autres exposants se plaignent déjà des petites recettes réalisées. « Personne ne peut rentrer dans ses frais », précise Abdelkader Retnani, directeur des éditions Eddif. Le mètre carré est en effet extrêmement cher à la foire de Casablanca. La surface minimale à louer s’étend sur 9 m2. Elle coûte 6000 DH sans compter le supplément à débourser pour les tables qui servent de présentoir.
Bichre Bennani, directeur des éditions Tarik, impute pour sa part le très petit nombre de visiteurs au manque de communication. « Il est aberrant que le ministère de la Culture organise un salon du livre sans mener au préalable une campagne de communication », dit-il. Il est vrai que les écoles, les collèges et les lycées, qui sont une pépinière de lecteurs potentiels, n’ont pas été informés de la tenue de ce salon. Il est tout aussi vrai que de nombreux lecteurs ignoraient tout de la date de ce salon une semaine avant son ouverture. Tous ces facteurs font qu’il fait très froid à la foire de Casablanca, désertée des personnes censées lui insuffler de la chaleur. Pourtant ce mardi-là, un groupe de personnes déambule parmi les stands du salon. Un groupe dense et compact. Il surprend par sa masse. Il jure agréablement avec la désolation du lieu. Qui sont ces messieurs ? Le ministre de la Culture entouré de son cortège !

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