Culture

Assala a chanté et enchanté

© D.R

Blocage inhabituel aux portes du Palais Tazi, ce mardi 26 juillet à 21 heures. Le 4×4, qui devait amener Assala Nasri sur ce mystérieux site historique, avait grand-peine à fendre la foule. Alertés sur son arrivée, nombre de fans se pressaient, encore plus, dans l’espoir de pouvoir jeter un regard à l’intérieur du véhicule. Inutile, le 4×4 avait des vitres fumées. Mais ce n’est que partie remise. A l’entrée, entourée de barricades, et d’agents de la sécurité qui formaient une chaîne autour de l’accès, des spectateurs, arrivés en groupe ou en couple, en solo ou en familles, avaient fort à faire pour franchir le détecteur de métaux. D’autres devaient encore démarcher pour décrocher un ticket d’entrée sur le marché noir, les prix ayant plafonné à 150 dirhams, au lieu de 50 fixés par les organisateurs. Les spéculateurs devaient se frotter les mains, crânement. Les festivaliers étaient prêts à payer leur ticket au prix d’or pour voir s’ouvrir les portes d’un Palais Tazi, transformé en forteresse imprenable. Les organisateurs, visiblement ahuris par le raz-de-marée humain, finiront par complètement bloquer l’accès.
Au grand dépit de spectateurs, nombreux, qui ont payé leurs tickets pour se voir interdits d’entrée ! D’autres, qui n’ont payé aucun sou, ont fait jouer leurs relations pour décrocher une place en VIP sur les gradins du Palais Tazi. Une vieille-nouvelle manœuvre à mettre sur le passif de quelques agents d’autorité. Mais passons, nous voilà en plein cœur de la citadelle. Une atmosphère électrique régnait sur le site. A 21H30, l’ange attendu était encore dans les loges. Le public, lui, sur des charbons ardents. On crie, on siffle… Au milieu de cette ambiance hystérique, une voix, enfin, tonne. Ce n’était pas la voix d’Assala. Un présentateur donne le ton, en off. En coulisse, Assala devait se préparer à faire apparition. La voilà, toute de rouge vêtue. Cette apparition a été gratifiée par une longue standing-ovation. « Relax », répond Assala, comme pour calmer les ardeurs d’un public effréné. Rien n’y fait, l’annonce de la présence de Naïma Samih en rajoutera à la surchauffe. La grande chanteuse marocaine, quoi qu’elle vienne de se faire opérer, n’a pas manqué au rendez-vous. Assala saluera sa présence, en guise de reconnaissance. Plus encore, elle l’invitera sur scène. L’hystérie reprend de plus belle. Le public se met debout, les bras levés, les oreilles aux aguets. Assala donnera la réplique à Naïma Samih, en interprétant à l’envi le best-off « Yaka Jarhi ».
A la veille du concert, lors d’une conférence de presse à l’Hôtel Sofitel-Diwane, Assala a chanté également « Mersoul Al Hob » (Le Messager de l’amour) d’Abdelouhab Doukkali. A la grande surprise d’un parterre de journalistes, visiblement émerveillé à l’idée de voir cette star syrienne de la chanson arabe connaître quelques beaux titres du répertoire lyrique marocain. Ce n’est pourtant pas le fruit du hasard, quand on sait qu’Assala a visité le Maroc à l’âge de 9 ans ! Comme beaucoup d’enfants syriens, elle bénéficia d’une colonie de vacances à Rabat. L’amour que cette artiste, venue de l’autre bout du Monde arabe, porte au Maroc ne fait donc pas l’ombre d’un doute. Même l’échec de son premier concert au Maroc il y a cinq ans, dû à l’escroquerie d’un spéculateur qu’on ne nomme pas, ne l’a pas empêchée de retrouver son public marocain. Ce public, reconnaissant, a été ce mardi soir à la hauteur de cette confiance. Pendant trois heures, il a vibré au gré des célèbres chansons d’Assala.
De « Tassawar » (Imagine) à « Addi l’horouf », sans oublier la reprise de « Yaka Jarhi » qui a beaucoup fait sensation. Un hit marocain qui a été repris par plusieurs célébrités de la scène arabe, dont la chanteuse libanaise Sabah. En le reprenant, ce hit prend, à travers la voix d’Assala, un accent particulier, d’abord parce que cette chanteuse jouit maintenant d’un prestige inégalé sur la scène arabe, ensuite sa reprise témoigne d’un geste très significatif à l’égard de la chanson marocaine qui n’a pas encore conquis la place qu’elle mérite sur le marché lyrique arabe.
Les milieux de la chanson marocains doivent être redevables à Assala, beaucoup plus qu’à des stars marocaines ayant percé sous d’autres cieux arabes mais qui ont perdu jusqu’à l’accent de leur pays…

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