Culture

Aziz Mouhoub : «L’image du cinéma marocain demeure quelque peu floue»

© D.R

ALM : Votre avis sur le septième art en tant qu’outil pédagogique ?
Aziz Mouhoub : Le cinéma est, à mon sens, l’outil le plus influent et l’instrument le plus efficace pour passer un message. Le cinéma investit tous les foyers et aborde les sujets les plus variés. C’est le reflet de notre histoire, mais aussi de la société et des régimes, même les plus grandes guerres et les questions y attachées sont soulevées par le canal du cinéma. Les œuvres cinématographiques, du fait qu’elles versent dans différents courants, ont le pouvoir de vous faire douter d’une conviction ou de vous convaincre de l’existence d’un doute. C’est pour cela qu’on peut dire que le cinéma a le pouvoir de manipuler les gens.
Devant certains films, nous nous trouvons en train de compatir avec un personnage qui est peut-être classé dans «le camps des méchants». La force du cinéma réside dans son influence sur le public. Mais cet outil, possédant une telle force d’influence, à mon avis qui serait mieux exploitée et plus intéressante lorsqu’elle viserait à réaliser de nobles objectifs. Il devrait être question de faire prendre conscience aux gens des grands principes de la vie, et de participer à l’éducation générale. Les œuvres cinématographiques devraient, de prime abord, porter des messages de lutte contre la violence et l’inconscience, et appeler à la paix et à l’amour.
L’intérêt en serait, d’autant plus, nettement multiplié lorsque les sujets traités sont transmis au public dans un langage sain, sans oublier une réalisation, une interprétation, et une production de bon niveau.

Et sur le cinéma marocain en général ?
Le cinéma marocain s’est inscrit dans une logique de développement depuis quelques temps. Néanmoins, malgré ce qui a été réalisé par ce domaine en termes de qualité d’œuvres, de concurrence et de multiplication d’efforts et de spécialistes, l’image du cinéma marocain demeure quelque peu floue pour ce qui est de ses contours et de ses orientations. Il n’est, ainsi, pas chose aisée de juger la valeur du cinéma marocain et son classement devant les cinémas d’autres nationalités.

Quels sont les problèmes de cet art au Maroc ?
Il faut dire que le cinéma marocain est en plein éveil. Il est dans une situation meilleure que celle dans laquelle il était cloisonné depuis 6 ou 7 ans. Cependant, nous avons encore du chemin à faire, et il nous faut choisir la bonne orientation pour que nous soyons à même d’élever notre cinéma à un meilleur niveau.
Il faudrait, aussi, pour cela faire figure de filtre en encourageant les œuvres de bonne qualité et qui soient porteuses de messages. Nous avons pour responsabilité de choisir la meilleure image dans laquelle nous exposerons notre cinéma au reste du monde. La problématique, en ce sens, c’est de savoir si nous voulons afficher un cinéma «importé» d’ailleurs, un cinéma portant un cachet marocain, ou alors un brassage des deux. Ceci étant, le cinéma marocain pourra être mieux jugé et décrochera sûrement un rang honorable sur le classement du cinéma mondial.

Que pensez-vous des projets de coopération avec d’autres pays dans le domaine cinématographique ? Pourrait-elle être enrichissante pour notre cinéma national ?
La coopération internationale dans le domaine cinématographique peut être très enrichissante pour les deux parties, à condition qu’il soit question d’égalité. Car le problème du cinéma marocain est qu’il continue à graviter dans sa propre sphère à l’intérieur du Maroc, malgré les participations dans quelques festivals. La publicité est le moyen qui permettra au cinéma marocain de conquérir l’échelle internationale, et de vaincre la campagne injuste qui justifie le manque d’intérêt porté à notre cinéma par la difficulté de comprendre le dialecte marocain. Un autre point concerne le fait que le manque de participation des grands capitaux aux œuvres cinématographiques marocaines. Quoique ce domaine bénéficie du soutien et de l’encouragement de l’Etat, le secteur privé y est quasi-absent. C’est pourquoi, le cinéma doit prouver qu’il a la capacité d’être une industrie rentable, pour pouvoir attirer les fonds privés dans l’investissement cinématographique marocain. Le Centre cinématographique marocain, sur ce volet, a déjà eu plusieurs expériences, comme il a été le cas avec la Roumanie, l’Espagne, L’Egypte et le Liban, au moment où le cinéma marocain n’avait pas encore atteint le niveau de développement dont il justifie aujourd’hui.
Je pense que cette question ne concerne pas uniquement le CCM, mais aussi les producteurs marocains qui doivent chercher, au-delà des frontières, des opportunités de coopération avec leurs homologues étrangers.

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