Culture

Ballet de la haute couture à Marrakech

© D.R

C’est un véritable ballet minuté, avec un mariage des couleurs, des formes et des sons qui a été exécuté le soir du premier mai au Théâtre royal de Marrakech, devant un public de quelque 850 personnes. Les organisateurs de Caftan n’étaient pas à leur premier coup d’essai, mais pour cette édition 2004, l’enjeu était particulier avec une retransmission en direct (c’est une première) par la chaîne arabe ART pendant une heure trente minutes, relayée par huit télévisions dans les cinq continents, par la chaîne francophone TV5 et par 2M.
Mis sur pied par le magazine «Femme du Maroc» en 1996, l’événement, appuyé par environ 16 sponsors dont Maroc Telecom, Nokia, la RAM, le Groupe Banque populaire, a gagné en maturité avec un budget de 5,5 millions de dirhams, la présence 10 créateurs de haute couture, et trois créateurs étrangers dont Susha, le jeune créateur huppé qui habille les grandes stars en Egypte et qui, pour l’occasion, s’est inspiré du désert marocain pour présenter une collection très à la mode.
La broderie était à l’honneur pour cette édition. Le sujet a été décliné dans un cocktail de fils dorés, de dentelles noyées et de paillettes incrustées, tout au long des 18 présentations. Sur le plan de la créativité, place nette a été faite à la liberté d’expression corporelle des femmes. L’audace des jeunes créateurs a rétréci les caftans et resserré encore plus la ceinture autour de la taille. Des stylistes confirmés dans la haute couture étaient de la partition. Entre autres, Albert Oiknine, habitué du caftan, toujours fidèle à cette facette du Maroc pluriel, multiethnique, et qui, dans l’entretien accordé à ALM, dit régler son aiguille sur les aspirations de la femme marocaine, championne des libertés, et véritable amazone. Des aspects que le caftan, ajoute-t-il, doit mettre en valeur. D’où la ceinture en or, le corset en argent trempé dans l’or et qui consacre «une guerrière qui a atteint son but (la Moudawana) et qui met en valeur tous ses atouts».
Autre styliste à puiser dans ce registre de la pluralité, Karim Tassi, parisien originaire du Maroc et qui s’efforce à construire des ponts entre l’Orient et l’Occident. Son style est sobre mais coloré, avec des tenues traditionnelles par leurs coupes amples, le rappel de broderies de symbole marocain, et européennes par des fourreaux en maille qui viennent se superposer au voile de mousseline aux couleurs fuchsia, de parme et de vert.
Les différents stylistes ont puisé dans l’immense répertoire des tenues traditionnelles révisées pour une femme moderne, raffinée et actuelle. Najia Abadi, vingt ans dans le monde de la haute couture en France, participe à l’événement pour la deuxième fois. Le caftan est une véritable reconversion pour cette jeune femme qui, en France, a consacré la majeure partie de son temps aux robes : «Aujourd’hui, dit-elle, j’ai appris le travail marocain, les différentes coupes traditionnelles et j’ai fait plusieurs formations pour m’adapter». Signe de la réussite de cette orientation, Najia Abadi a obtenu la meilleure note en sélection de dossiers.
Les cinq jeunes talents qui exposaient dans la cour des grands ont été, eux, retenus au terme d’un difficile travail de présélection où le jury a choisi directement trois jeunes stylistes et nominé cinq autres qui ont été finalement départagés à travers un vote SMS du public de 2M.
Les organisateurs ont voulu, à côté des grands noms de la haute couture, faire aussi la promotion de la créativité, en présentant au public les jeunes talents qui constituent la relève de demain. Cas de Dahab Benaboud, styliste originaire de Tétouan et qui, fidèle à ses racines, s’inspire de cette riche civilisation arabo-andalouse, pour présenter une collection où la broderie tétouanaise, dite Taajina, est très présente. Autre jeune talent qui s’est illustré durant ce show, Karima El Alaoui qui a exécuté à merveille le jeu de la marelle avec un entremêlement savamment exécuté de fausses manches, qui fait deviner un travail minutieux de motif floral où les couleurs laissent apparaître un petit clin d’oeil chatoyant de fuschia. Native de Ksar El Kebir, Batoul Cain Allah, nouveau talent découvert lors des présélections 2003, a fait montre d’une créativité de caftan atypique avec beaucoup d’originalité. Très applaudie aussi, Ihssane Ghilane qui fait du Caftan, un « costume de scène », mais où la touche traditionnelle marocaine demeure par le choix des tissus de qualité, comme la dentelle de Calais, les taffetas, les soies et, le tout agrémenté de somptueuses broderies. Le trophée Maroc Telecoms pour jeune créateur est revenu néanmoins au jeune Achraf Makoudi, lequel a développé une ligne précise rehaussée de détails subtils laissant entrevoir un travail de broderie avec incrustation de verre.

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