Culture

Bande dessinée : Titeuf et ses potes secouent la bd sud-africaine

© D.R

Avec son langage de môme d’aujourd’hui, Titeuf, enfin traduit en anglais, tente une percée en Afrique du Sud, où le marché confidentiel de la BD prend aussi un coup de jeune avec Sol et Saul, héros de «Kruger Park», oeuvre d’un artiste local.
«Titeuf n’aurait pu être publié avant. L’Afrique du Sud était très conservatrice. Lorsque je suis arrivé il y a quinze ans, rien n’était ouvert le dimanche, pas même les cinémas», raconte Miodrag Pepic, 44 ans. Cet imprimeur d’origine serbe, passionné de BD, s’est lancé dans l’édition, déterminé à faire connaître aux Sud-Africains ses héros préférés, comme Titeuf, et à promouvoir des auteurs du cru.
«J’en ai rencontré d’excellents, qui ont un vrai potentiel, mais ne peuvent le développer parce qu’ils doivent assurer le quotidien.» Et il a rencontré Mdu Ntuli, 25 ans, créateur de Sol et Saul. Fils de rangers de la célèbre réserve animalière du Kruger, ce sont de jeunes Sud-Africains comme tant d’autres, l’un fasciné par le «business», l’autre par la protection de l’environnement.
L’imprimeur est convaincu que l’Afrique du Sud a changé depuis la fin de l’apartheid en 1994 et qu’il y a un public pour la bande dessinée. «Mais les seules BD européennes que l’on trouve ici, c’est Tintin et Astérix!».  Il manquait Titeuf, créé par Philippe Chapuis, alias Zep, et sorti à plus de 20 millions d’exemplaires dans une vingtaine de pays. Ce petit garçon ancré dans son époque, vif et plein d’humour, s’interroge sur l’école, les réactions étranges des adultes, la drogue et bien sûr les filles. «J’ai surpris mon fils de 11 ans à parler avec ses copains exactement comme Titeuf. Je ne sais comment Zep capte les dialogues des gosses, mais c’est un vrai délice!»  Aidé par l’ambassade de France, l’imprimeur sort l’album «To impress the girls» (Ca épate les filles), conçu sur son ordinateur et traduit par sa femme, comme le premier, «Love, not so decent» (L’amour c’est propre), édité à 1.000 exemplaires en 2006.
 «Le nouveau est vendu 50 rands (environ 5 euros). Je couvre juste les frais. Je ne peux payer un employé là-dessus», dit-il. L’édition locale fonctionne en effet sur de faibles tirages car «les gens achètent peu de livres.»  Le premier Titeuf a reçu un accueil «enthousiaste, on me demandait quand sortait le deuxième. C’est une vraie récompense!», ajoute Pepic, qui travaille avec deux éditeurs français, Glénat et Soleil, pour publier aussi «Lanfeust de Troy», «Gil St André» et «Le troisième testament».
Il rêve de sortir en Afrique du Sud l’un des albums du grand Hugo Pratt, «Cato Zoulou», évidemment. «J’ai voulu en acquérir les droits, mais l’éditeur n’a pas daigné me répondre.»  Tant pis, Pepic a d’autres projets telle que la série «Zoulouland» de René Durand et Georges Ramaoïoli, qui pourrait susciter des remous. «C’est un sujet historiquement délicat. Les Britanniques y sont très arrogants, ce qui était normal à l’époque. Mais c’est une leçon d’histoire géniale.»  Il voudrait aussi amener Rico, dessinateur des célèbres «Madam & Eve» qui commentent l’actualité locale dans les journaux, à écrire ses propres histoires et à «sortir un album commencé il y a des années.» 

 • Florence Panoussian (AFP)

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