Culture

Bouchaïb Moual : «Je tente d’écrire ma propre histoire dans l’Histoire»

© D.R

ALM : Parlez-nous de votre actuelle exposition à la galerie Bab El Kébir ?
Bouchaïb Moual : Cette exposition est une première pour moi dans une salle publique en l’occurrence, la prestigieuse galerie Bab El kébir au sein du site historique des Oudayas. J’avoue que je me sens tout modeste dans ce lieu qui respire neuf siècles d’Histoire marocaine. Je présente un travail de peinture, gravure et technique mixte sur des parois métalliques de réfrigidaire, machine à laver et autre lave-vaisselle. En tout, il y a plus de trente œuvres jamais montrées dans mon pays.

Vous êtes peintre, sculpteur et graveur, comment expliquer cette triple casquette ?
C’est très simple, je suis sculpteur lorsque je m’attaque et j’éventre les parallélépipèdes blancs pour en extraire les supports de mon activité de graveur. Les plaques de frigo sont d’abord débarrassées des accessoires inutiles, dépliées, découpées, martelées, trouées… bref, elles subissent toute une série de procédures techniques liées davantage à l’activité de sculpture qu’à celle spécifique de la gravure. Ensuite seulement vient le travail de la gravure, et l’artiste dessine alors spontanément, à l’aide de différents outils tranchants, des figures de formes variées. Il gratte l’écorce émaillée pour y ouvrir des sillons, la griffe, la scarifie jusqu’à retrouver la tôle à offrir au travail des acides pour en produire divers effets de matière. Et enfin le travail de la peinture vient faire la synthèse de tout ceci, ce que j’appelle la technique mixte sur toile, puisque des éléments sortent du travail de sculpture gravure et viennent prendre toute la place qui leur revient sur la toile.

Quel message voulez-vous transmettre à travers vos œuvres ?
Je tente d’écrire ma propre histoire dans l’Histoire, d’inscrire mon empreinte dans le tissu des cultures qui l’alimentent, de saisir mes origines lointaines pour mieux tracer les repères de mon inscription ici et maintenant. Mais, je travaille surtout à dessiner ma vision de la provenance et la destinée de l’humanité tout en dénonçant la violence dévastatrice qu’elle cultive dans l’ignorance et le mépris des richesses potentielles et réelles qu’elle recèle. Richesses capables de lui procurer le meilleur des mondes, si elle sait seulement les considérer à leur juste valeur.

Quelle est votre source d’inspiration ?
Je dois bien dessiner quelque chose ! Quand il fallait désapprendre ce qu’on m’a appris aux beaux-arts. À la sortie de cette école, je savais tout ce qu’un étudiant devrait savoir faire : peindre, dessiner. Donc il fallait désapprendre tout ça et repartir de quelque chose  de premier, voire primitif. J’ai fait appel à ma mémoire et à mon patrimoine génétique pictural, à ce moment là, il y a eu des flashs, des peintures et gravures pariétales du Tassili, des gravures rupestres  de la vallée des merveilles, et comme je ne suis pas un homme primitif,  je leur ai seulement emprunté leur mode pictural, je me suis un peu  inspiré  de leur manière de travailler, de dessiner, leur style.

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