Du dialogue entre la francophonie et le monde arabe

Le dialogue est-il possible entre la francophonie et le monde arabe ? Cette interrogation sous-tend le livre récemment publié par Ahmed Moatassime pour le 9ème sommet de la francophonie qui s’est tenu à Beyrouth. Le franc-parler de Moatissime rompt avec le style auquel nous ont habitués les livres de ce genre.
Le livre part du constat que la présence du français dans les pays arabes est sans commune mesure avec l’enseignement de l’arabe en France. Il existe une véritable asymétrie « entre le français obligatoire enseigné massivement au Maghreb et au Liban, piliers francophones du monde arabe et la timidité de l’enseignement de l’arabe en France ». L’auteur constate également que l’anglais a pris la place du français chez les élites arabes du Machrek.
Dans son avant-propos, Moatissime a précisé les conditions nécessaires à un bon dialogue entre le monde arabe et la francophonie.
La langue arabe gagnerait à ne pas se cantonner à la littérature et à la religion. Cette langue doit s’ouvrir au progrès scientifique. Il faut la rôder au monde moderne. Moatissime considère que ce manque de malléabilité de la langue encourage plusieurs élites arabes à s’expatrier ailleurs. Quant au dialogue arabo-francophone, Moatissime estime qu’il doit s’articuler autour de trois thèmes.
1) Les droits de l’homme, mais sans cette supériorité condescendante du nord francophone qui s’érige en « justicier permanent ». Moatissime préconise à cet égard une meilleure compréhension de la réalité du monde arabe.
2) L’acceptation de la diversité culturelle.
3) Les changements introduits par la mondialisation, dénoncée par les pays du nord pratiquant le français et qui ne cessent pourtant de la réclamer en supposant que le français est «le seul porteur de valeurs universelles ». Moatissme a écrit un livre d’une rigueur universitaire, mais dont le ton et les thèmes intéressent tout le monde.