Culture

Emi : Le label mythique face à la loi du marché

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La restructuration, dont la rumeur courait avec insistance dans la maison de disques, troisième au monde derrière Universal et Sony BMG, a pris corps mardi matin.
Le président Guy Hands, par ailleurs patron de Terra Firma, a dévoilé ce qu’il qualifie de «structure révolutionnaire» qui passera par la suppression de 1.500 à 2.000 postes, soit un tiers ou plus des 5.500 emplois d’EMI dans le monde. Cela devrait permettre de dégager 200 millions de livres (265 millions d’euros) d’économies par an. EMI a ainsi décidé «d’éliminer les nombreux doublons dans le groupe» et de «réduire le gâchis», en réunissant dans une seule division toutes les activités périphériques à la création comme les ventes, la fabrication et la distribution.
La presse avait notamment évoqué ces derniers mois les frais considérables dépensés par la maison de disques, pour satisfaire les caprices extravagants de certaines vedettes, et les avances considérables versées à certaines d’entre elles.
Le plan dévoilé mardi va cependant au-delà de la recherche d’économies, et vise à «repositionner» EMI sur le marché de la musique. Comme ses pairs, et même si elle avait lancé en 1999 le premier disque téléchargeable sur internet («Hours» de David Bowie), EMI n’a en effet pas vraiment su prendre le virage du numérique et a perdu de l’argent ces dernières années.
 Elle avait accepté en mai d’être rachetée par Terra Firma pour 3,2 milliards de livres (4,2 mds EUR), dette comprise. Au vu des ennuis juridiques rencontrés en Europe par la fusion Sony/BMG, elle avait préféré cette solution à une alliance pourtant longtemps envisagée de part et d’autre, avec son concurrent américain Warner, numéro quatre mondial.
La nouvelle direction a assuré mardi qu’elle voulait faire d’EMI la maison de disques «la plus innovante, proche des artistes et à l’écoute de la clientèle» au monde, afin de «refléter la nature très mouvante de l’industrie musicale».
 En particulier, EMI veut que ses labels soit désormais «complètement tournés» vers la recherche de nouveaux artistes.
Elle veut également «développer un nouveau partenariat avec les artistes, basé sur la transparence et la confiance, et les aider à rentabiliser leur travail en ouvrant de nouvelles sources de revenus comme des services numériques accrus et des accords de sponsoring avec des entreprises», à la manière des clubs de football.
Le chanteur britannique Robbie Williams, un des cracks de l’écurie aux côtés de Norah Jones, Coldplay, ou bien Raphaël et Alain Souchon en France, s’est déjà désolidarisé de la nouvelle direction en annonçant le week-end dernier qu’il refusait de fournir son prochain album à EMI, son manager Tim Clarks décrivant M. Hands comme un «esclavagiste».
L’homme d’affaires, qui rachète en Europe des entreprises allant des magasins de stations-services aux cinémas en passant par les sociétés de locations d’avion, a été mieux compris de Chris Morrison, ancien manager d’Ultravox, Blur ou Gorillaz.
«Les maisons de disques n’ont rien vu venir» du numérique, a estimé celui-ci sur la BBC, dénonçant ses collègues qui «font toute une affaire de (ces changements) mais me disent depuis longtemps qu’il y a des choses qui ne marchent pas dans le secteur». Il a estimé aussi «qu’il n’y a pas que le nombre de disques vendus qui a baissé» récemment, «mais aussi leur qualité». Dans le Financial Times, le manager de Coldplay Dave Holmes a pour sa part indiqué mardi qu’il gardait un esprit ouvert, mais ne conseillerait pas à un de ses jeunes artistes de signer dans une entreprise qui va connaître «trop de changements».


• Odile Duperry (AFP)

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