Culture

Hommage à Edmond Amran El Maleh

© D.R

«Lettres à moi-même», un ouvrage épistolaire hors norme, inclassable d’Edmond Amran El Maleh, l’une des grandes figures de la littérature marocaine. C’est en quelque sorte les délicieux solos d’un émérite musicien des mots, un jazzman du verbe qui se fout des conventions littéraires et qui partage son plaisir à manier en toute aisance son art de l’écriture. «Selon la formule consacrée», «selon la formule et le désir consigné sur une page d’un journal», «la formule étant de lui», «on sait par lui même que», «la formule est de vous», « la métaphore baroque vous séduit , vous enchante littéralement…» : les refrains reviennent, et un mouvement unique se crée au fur et à mesure de la lecture de ces lettres. On se familiarise avec ces deux protagonistes deux entités qui échangent sans préciser ni le lieu, ni la date et qui s’amusent à voiler, dévoiler, ce qu’ils sont, deux personnes différentes, ce qu’ils font, une et même personne, ou ni l’un ni l’autre… Un échange qui se fait par une interpellation de l’autre par des expressions comme «cher ami», «cher autre», «ami», «délicieux ennemi», «cher et incorrigible ami »… Touchant à différents plans, «Lettres à moi-même» est également un grand témoignage où l’on voit des moments choisis du parcours d’Edmond, notamment où il quitte le Maroc en 1965 pour aller en France, et toutes les répercussions de ce changement d’espace sur son écriture. Cet ouvrage présente aussi des réflexions multiples qui touchent à différents domaines aussi bien littéraires qu’existentiels. Selon le critique littéraire Mohamed Baida, s’exprimant lors d’une rencontre au SIEL lundi dernier tenue à l’honneur d’Edmond Amran El Maleh, «cet ouvrage peut être considéré comme une clé de lecture de l’œuvre d’Edmond Amran El Maleh». Ceci étant que les œuvres d’Edmond Amran El Maleh sont des textes majeurs parfois difficiles d’accès selon beaucoup de lecteurs. On connaît l’œuvre d’Edmond Amran El Maleh à partir de 1980 avec «Parcours immobile». Et c’est une écriture d’une rigueur et d’une originalité remarquables. Il a enchaîné dans la même veine avec d’autres textes comme «Aïlen» ou «La nuit du récit», «Mille ans, un jour» (1986), «Le retour d’Abou El Haki entre autres». «Ce sont quasiment ce que l’on pourrait appeler des laboratoires d’écritures car Edmond Amran El Maleh a son propre style, sa propre façon d’écrire et de raconter», dit Mohamed Baida. Avec «Lettres à moi-même», Edmond apporte un nouveau genre, ce livre étant inclassable malgré que la maison d’édition «Le Fennec» ait choisi de le mettre dans la collection  «Journal», ou «Chronique» dans son catalogue. «L’écriture est une manière d’être. Si le matin en me réveillant, je ne consigne pas quelques lignes, je ne tiens pas mon journal, (parce que je tiens mon journal), je pourrais dire à ce moment-là, c’est fini A Dios», a déclaré Edmond Amran El Maleh, lors de cette rencontre. Par ailleurs, par rapport à l’organisation du SIEL, il a exprimé son souhait de voir comment les répercussions du Salon du livre puissent se faire en dehors du Salon : «Que par exemple, les délégations des écrivains puissent aller dans les différents quartiers, parler du Salon du livre de ce qui s’y est passé, de l’importance de la culture». «Il faudrait en deux mots sortir de la clôture et que le salon s’ouvre sur la nécessité que la culture ne soit pas l’apanage d’une élite», a souligné Edmond Amran El Maleh, toujours humble et l’esprit critique en éveil.

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