Culture

Kaoutar Boudarraja, alias Kao : «Mon homme ne doute pas de sa virilité»

© D.R

ALM : Parlez-nous de Kao l’étoile de la télévision maghrébine.
Kao : Alors, j’ai 26 ans, je suis diplômée en commerce international, après une carrière de mannequin, j’ai choisi de me lancer dans le monde de l’audiovisuel. Mon passage à la Star Academy Maghreb m’a permis de décrocher le poste d’animatrice de la tournée Starac et ensuite de l’émission de télé-réalité «Dar Familia» sur Nessma, la même année. Par la suite, je suis devenue chroniqueuse mode à «Ness Nessma» et je présentais ma propre émission de mode qui est la version arabe de l’émission italienne «Non Solo Moda» jusqu’à ce que ma chaîne me fasse le plus beau cadeau de ma carrière, mon talk-show féminin, «Mamnou3 3arjél» (Interdit aux hommes) depuis six mois.

Vous avez brillé lors de «Star Academy Maghreb», quelle expérience en tirez-vous?
Ce fut une expérience intéressante, qui a surtout mis la lumière sur ma personne, grâce aux différents cours de chant, danse et théâtre, j’ai compris que je voulais évoluer dans ce milieu, la télé-réalité en elle-même ne me fascinait pas tant que ça, ce que je voulais c’était de rencontrer des professionnels capables de tirer le meilleur de moi-même sur scène et on peut dire que j’étais bien servie.

Comment est née en vous cette vocation pour l’animation?
À vrai dire, je n’ai jamais rêvé d’être animatrice. Je me suis jetée à l’eau n’ayant avec moi que ma volonté et mon courage pour effectuer un saut dans l’inconnu, mais, je ne me suis pas posé trop de questions. Je m’explique… Le soir de mon élimination de la Starac Maghreb, la chaîne m’a proposé de participer à la tournée des cinq finalistes en tant qu’animatrice. J’ai fait face à cinq mille spectateurs, je n’avais ni le trac ni la peur de l’antenne, j’étais tout simplement moi-même et j’ai visiblement impressionné, depuis, je me dis que tout métier s’apprend avec la passion, la patience et beaucoup de persévérance.

Vous êtes également mannequin… Pouvez-vous nous éclairer là-dessus?
Je suis arrivée dans le monde du mannequinat par le biais d’un casting, il y a 8 ans. Rapidement, j’ai enchaîné les couvertures et les défilés. J’ai adoré ce travail, car il m’a permis de rencontrer des gens venant de cultures différentes. Cela m’a ouvert l’esprit de plusieurs façons. Le mannequinat est tout un monde, il y a des milliers de filles. Certaines veulent être top models, d’autres s’amusent, d’autres sont tentées par les voyages ou autres. Mais, pour moi le travail de mannequin en soi est rapidement devenu quelque chose de secondaire, un moyen de me faire une place au soleil, un tremplin vers d’autres horizons. Du coup, lorsqu’il a été question de faire des choix, je n’ai pas hésité à choisir la télévision depuis deux ans, j’ai compris que j’avais fait le tour de la question et puis avec l’âge et du recul, je me sens plus épanouie devant une caméra que devant un appareil-photo.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans votre carrière?
Au début, je pensais que le fait de ne pas avoir une formation dans le domaine de la présentation allait me rendre la vie difficile, mais, j’ai compris qu’avec mon envie d’apprendre, ma curiosité, ma simplicité et ma spontanéité, j’allais finir par m’en sortir. On me dit souvent que je suis pétillante et sans chichi, je suis une «bent chaab» fière de mes racines, sur mes émissions, je peux porter une robe haute couture, te parler de «Derb Ghallef», te chanter une «aïta» et avoir envie d’une «r’fissa»! Ça tombait très bien, parce que ma chaîne cherchait exactement ce profil, on m’a donc encouragée à rester moi-même à ne pas vouloir ressembler à quelqu’un d’autre ou à vouloir jouer un rôle qui n’était pas le mien.

Vous êtes une femme qui a beaucoup de personnalité. Pouvez-vous nous en parler?
Je me suis beaucoup assagie (sourire), même si on me trouve encore très rebelle! Je parle fort, je ris fort, je ne me laisse pas faire et je sais ce que je veux de la vie et ce que j’attends des gens. Vous voyez, je suis comme tout le monde!
Trêve de plaisanterie, j’ai été livrée à moi-même très jeune, il fallait que je prenne les choses en main, comment se faire respecter dans un milieu ou presque tout était permis. Je me suis pris des claques, on ne m’a pas fait de cadeaux, mais j’ai appris à sortir mes griffes quand il le faut. Je les sors de moins en moins depuis quelque temps et j’en suis ravie. Mais c’est grâce à mon vécu et à cette personnalité que je me fais respecter dans le domaine malgré mon âge et c’est aussi grâce à ma personnalité que je ne fais pas le pot de fleurs sur les plateaux télé.

Quelle émission aimeriez-vous présenter dans votre carrière d’animatrice?
Ma propre émission «Mamnou3 3arjél» (Interdit aux hommes), mon rêve, mon bébé que je vois grandir jour après jour, «Mamnou3 3arjél» est le premier grand talk-show hebdomadaire féminin à dimension maghrébine. Diffusé tous les mardis à 21h05 sur Nessma, il s’adresse aux 40 millions de femmes qui peuplent le Maghreb, mais aussi, et, pourquoi pas, aux hommes qui sauront enfin de quoi parlent les femmes entre elles. Chaque épisode, je reçois un invité homme ou femme et nous parlons de nos problèmes sans tabous.

Comment évolue, selon vous, la télévision marocaine?
Je n’ai pas le temps de regarder la télé marocaine, mais quand je peux, je regarde surtout l’émission de Nassima Lhorr plus pour l’animatrice que pour le concept en soi. Nassima est pour moi le pilier du paysage audiovisuel marocain. Pas besoin d’en faire des tonnes, elle a ce je ne sais quoi qui fait qu’on a l’impression de la connaître depuis toujours. J’espère la recevoir sur mon plateau, je parie que j’ai beaucoup à apprendre de cette grande dame.

Y a-t-il de l’amour dans l’air?
Je suis une femme épanouie et derrière toute femme épanouie se cache un homme… Son homme! Et pourtant cela n’a pas toujours été évident. Je fais bien évidemment partie de ces femmes qui réclament l’égalité et qui ont en besoin. Je ne tombais donc que sur des hommes à qui je faisais peur. Mais, ce qui est merveilleux avec mon homme, c’est qu’il ne doute pas de sa virilité. Du coup, il sait m’aimer et exister sereinement face à moi. Il n’hésite pas à me dire des choses que je ne veux pas entendre. Il m’aide à me surpasser dans mon travail et mes rapports sociaux et humains et à cultiver ma culture générale. Mon homme c’est mon équilibre, c’est le seul qui a réussi à valoriser la femme que je suis devenue aujourd’hui, avec toute sa féminité.

Quels sont vos projets ?
C’est plus une mission qui me tient à cœur qu’un projet on va dire. Je voudrais tellement que la darija prenne sa place dans le paysage audiovisuel maghrébin. Vous savez, je vis à Tunis depuis plus de deux ans et même si j’ai toujours eu droit à un accueil chaleureux de la part des Tunisiens, ce qui me touche le plus, ce sont les gens qui m’arrêtent dans la rue pour me dire qu’ils commencent à comprendre la darija marocaine, c’est le plus beau des compliments qu’on puisse me faire.

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