Culture

«L’Art est universel»

© D.R

ALM : Le thème de cette exposition s’intitule « Le Maroc, source de tolérance et d’échange». Quel est selon vous le rôle de l’artiste dans la lutte contre les malaises sociaux?
Malika Agueznay : L’artiste est un citoyen comme les autres, il doit participer à l’évolution de sa société. Une évolution vers le développement de la société. L’artiste doit contribuer aux côtés de ses siens au changement de la société et des mentalités. Il est essentiel de communiquer et d’échanger ses expériences avec ses semblables. C’est pour cette raison que cette présente exposition qui a lieu à la galerie Bab El Kbir, a fait appel à d’autres artistes-peintres de différents horizons. Le fait de rencontrer d’autres artistes, de se confronter à eux et de découvrir leurs expériences contribue à s’enrichir mutuellement. La culture permet d’accéder à un bon équilibre mental et social. Cela permet de se sentir bien dans sa peau. Mais pour cela, il faudrait encourager le développement des arts, en enseignant la peinture, la musique, l’art en général dans les écoles. Nous devons enseigner l’art à l’enfant depuis son plus jeune âge. C’est seulement de cette manière que l’on pourrait arriver aux résultats escomptés.
Dans ce sens justement, pensez-vous que nous possédons un univers artistique adéquat pour arriver à ces résulats, pour que l’art soit un vrai vecteur de développement?
Nous pensons personnellement que l’univers artistique dans notre pays est en train de se développer. Beaucoup de choses sont réalisées dans ce domaine. Nous pouvons citer, à titre d’exemple, l’introduction de l’enseignement artistique dans le cursus scolaire. Nous assistons actuellement à l’introduction de cours de dessins et de peinture au primaire. Maintenant, cela est vrai que ça prendra du temps pour faire ses preuves. Mais l’essentiel dans tout cela, c’est qu’il faudrait miser là-dessus. Enseigner l’art à l’enfant doit vraiment faire partie des priorités de l’enseignement public. L’art développe les sens, permet un certain éveil chez l’enfant et permet également de développer sa personnalité.
Pour parler d’enseignement, vous êtes lauréate de l’école des Beaux-Arts de Casablanca, quel est selon vous l’apport du mouvement dit de Casablanca dans l’environnement artistique actuel ?
Personellement, nous avons eu la chance d’avoir fait des études à l’école des Beaux-Arts de Casablanca. Le mouvement de Casablanca qui a été initié par le groupe de 60, qui regroupait Melehi, Belkahia, Mohamed Chabâa, a contribué à introduire une peinture beaucoup plus essentielle. Cette peinture est moins folklorique, moins figurative. Cela a contribué à jeter un regard plus profond sur ce qu’on est vraiment. Cela a permis aux artistes de se remettre en question.
Les artistes de ce mouvement de Casablanca ont réalisé leurs études à l’étranger, et cela leur a permis de se redécouvrir. En fin de compte, les artistes ont pris conscience que nous sommes possesseurs d’un art contemporain, géométrique. Nous n’avons pas uniquement une peinture folklorique faite de petits paysages. Il a suffi de regarder autour de soi, de découvrir notre patrimoine culturel et artistique qui est très riche, pour savoir que nous avons un art contemporain.
Le mouvement de Casablanca a donné un tournant très important à la peinture marocaine. Cela a cessé de la cantonner dans sa fonction figurative, folklorique. Nous avons la possibilité d’offrir un art d’un niveau très élevé. Mais pour cela, il faudrait avoir une formation de base, pour pouvoir évoluer et pour réaliser une peinture d’un niveau élevé et qui aurait une valeur artistique.
Certains jeunes artistes peuvent penser que les artistes qui font partie du mouvement de Casablanca monopolisent l’univers artistique et ne les laissent pas s’exprimer, qu’en pensez vous ?
Ces artistes n’ont rien monopolisé du tout, ils ont au contraire établis une base. Les jeunes artistes sont libres de s’exprimer à leur aise. D’ailleurs, la plupart d’entre eux font des oeuvres éphémères, des installations, ils sont libres. Mais pour pouvoir évoluer et réaliser des nouveautés, il faudrait prendre connaissance du passé artistique. Il faudrait bien connaître les oeuvres artistiques des pionniers de l’art contemporain au Maroc. C’est un processus simple et logique.
Quels sont vos futurs projets et avez-vous d’autres expositions en vue ?
Je prépare entre autres une biennale au Japon, des expositions de gravure et de peinture à l’étranger. Mais ceci dit, j’ai des obligations envers mon pays. Je dois tout d’abord me pencher vers mon pays, y réaliser des expositions, car il faut commencer par soi. Mais cela n’empêche qu’il faut aussi se tourner vers l’étranger pour découvrir les différentes expériences qui ont lieu là bas. Et ce dans le but de s’enrichir, et pour échanger, tout en sachant que l’art est universel.

Articles similaires

Culture

Jidar-Street Art Festival à Rabat: 12 fresques murales prennent forme dans divers quartiers

Depuis le 18 avril et sous l’œil intrigué des Rbatis, 12 nouvelles...

Culture

Parution livre: Souviens-toi des abeilles by Zineb Mekouar

Après son premier roman, La poule et son cumin, (JC Lattès, 2022),...

Culture

7ème édition du Festival Gnaoua Show : Une programmation inédite pour célébrer la culture et la musique africaines

Cette manifestation a la particularité d’être fondée par l’Association Hmitti pour la...

Culture

La SNRT forme des étudiants de l’ISADAC aux métiers de la réalisation et la scénographie

Lors des journées de formation organisées les 16 et 18 avril 2024