Culture

Le train du désert marocain

© D.R

Une locomotive à carburant, deux à trois wagons ancienne génération (l’un d’eux date de 1952) mais qui répondent aux exigences de confort qui constituent l’essentiel de ce qu’on appelle dans l’Oriental le train du désert. Un train spécialement réaménagé et redécoré pour répondre à une offre appelée à développer le tourisme de niche et à contribuer à l’ancrage de circuits de découvertes pour compléter l’offre balnéaire de la station de Saïdia. Un train relooké pour permettre aux voyageurs de joindre l’utile à l’agréable. L’idéal serait de proposer des petits wagons adaptés, avec espaces arrière dégagés pour une découverte de nature, aux amateurs des espaces à horizons infinis. Roulant à une vitesse de 50 Km/h, le train du désert marocain traverse tranquillement dunes et montagnes pour aller se fondre dans les paysages de l’immensité du Sud marocain après avoir traversé 270 km de tableaux panoramiques relatant la diversité des écosystèmes qui font la spécificité de cette région. Un périple qui dure quelque sept heures pour palper de près l’attractivité envoûtante des magnifiques paysages des hauts-plateaux. Espaces vierges gratifiés de campements nomades, d’anciens vestiges isolés ou de troupeaux de dromadaires traversant, de temps à autre, des espaces calmes et tranquillisants. Quant aux troupeaux des moutons de la race des Bni Guil, ils sont tout simplement partout et se chiffrent en centaines de milliers. D’ailleurs une escale à Ain Beni Mathar, pour découvrir l’un des plus grands souks hebdomadaires du Maroc, fera beaucoup de bien aux adeptes des méchouis à bois naturels et des exhalaisons qui émanent des souks de bétails. Au fait, cette ligne qui a été construite entre 1925 et 1931 n’a été exploitée comme produit de niche qu’à partir de 2005 grâce à la persévérance d’un promoteur suisse installé au Maroc, Edi Kunz, qui est convaincu que ce train peut faire de l’Oriental marocain un espace aussi convoité que le désert australien ou américain. «D’ailleurs, l’idée de ce train du désert se veut une réplique marocaine aux célèbres trains du désert connus de par le monde», explique à ALM M. Kunz. «C’est surtout une nouvelle offre touristique qui permettra à l’Oriental de diversifier ses attractivités en matière de tourisme de niche (ce train a été déclaré produit de niche en 2006), mais qui a besoin de plus d’engagements de l’ensemble des acteurs impliqués dans le rayonnement d’une région aux multiples atouts», explique de son côté Amine Abdellaoui, délégué régional du tourisme à Oujda. Le train du désert ne propose actuellement que sept rotations par an. L’idéal serait de développer cette offre pour en faire un circuit usité le long de l’année et à plusieurs fois par semaine. D’ici là, les quelques amoureux des dunes mouvantes qui ont fait la découverte n’en reviennent pas. Ils étaient tout simplement éblouis. «C’est magnifique ! C’est amusant ! On n’a jamais vu cela et on ne savait pas que cela était à proximité de l’Europe», notent quelques jeunes néerlandais qui viennent de faire le périple en voyage organisé. Ils ne sont pas les seuls car auparavant d’autres groupes de nationalités différentes ont exprimé le désir de refaire ce périple soit à titre personnel ou en voyage organisé. Et ce n’est pas parce qu’il est baptisé train du désert que l’offre est désertique. Bien au contraire, la spécificité de ce train c’est qu’il fait découvrir en moins de sept heures plusieurs écosystèmes. C’est un train de dépaysement assuré et de découverte à travers des milieux variés: plaines à végétations riches et variées dans un premier temps, puis un milieu forestier à l’instar de la forêt naturelle de Beni Yala, avec ses chênes verts, genévriers, lentisques, romarin et autres plantes aromatiques et médicinales. Juste à côté, une chaîne de «horst», couverte de peuplements de thuya et d’autres arbrisseaux bien venants, complète le décor d’un tableau où le vert et l’ocre proposent un mélange subtile de sensations visuelles et olfactives.
Juste après, débute la traversée des terres arides et des hauts-plateaux : là où l’Alfa est reine et croît en abondance à perte de vue. En somme c’est une flore des steppes alfatières qui varie en fonction du substrat et de la topographie. L’armoise blanche est souvent associée à l’Alfa. Et juste avant d’arriver à Bouarfa, un autre cortège floristique constitué de Salvia verbenaca, Zilla spinosa et autres Bromus rubens, propose un couvercle végétal spécifique aux hauts-plateaux septentrionaux. C’est là, où l’on se sent le plus isolé en milieux naturels et vierges pour laisser exploser la joie de se sentir au milieu d’espaces ouverts et de se faire oublier entre les dunes sableuses du sud. Le doré naturel des dunes et la clarté singulière des rayons du soleil sont envoûtants par endroits surtout au bord des falaises des montagnes majestueuses de l’Atlas. Auparavant, à Ain Beni Mathar, le lac naturel de «Lahbara» est à lui seul une attractivité féerique grâce à la diversité des oiseaux migrateurs ou sédentaires qui y trouvent refuge. Les dunes avoisinantes sont constituées de végétation adaptée à ce milieu à substrat mobile. C’est le cas de l’Ammophila et l’arenaria. De leurs côtés, les crêtes dunaires sont caractérisées par la Stipa tenacissima, l’Aristida Barbicolis ou l’Anabasis articulata. Tout ce beau spectacle et cette attractivité naturelle qu’offre l’itinéraire du train du désert a cependant besoin de plus d’attention de la part de l’ensemble des acteurs impliqués dans la réussite de la compétitivité touristique du pays. Ceci dit, ce train est un élément déclencheur qui a besoin d’un opérateur fixe qui croît au développement de cette offre et qui met en place les conditions sine qua non pour sa réussite. La pérennisation d’une telle offre passerait impérativement par la motivation des habitants de la région par des actions bénéfiques aux professionnels et aux populations locales. L’action sociale est aussi à prendre en considération. C’est ce qu’ont fait, par exemple, les participants à la rotation qui a eu lieu la semaine dernière en visitant une école à Bouarfa et en offrant à ses élèves une fourniture scolaire. Mettre en valeur cette ligne ne peut fructifier sans un second hôtel à Bouarfa, avec aménagement de bivouacs ou construction d’auberges le long du périple. Cela impliquerait les communes concernées par ce passage, le ministère du Tourisme, l’ONCF qui doit revoir ses prix, l’Agence de développement de l’Oriental qui est sur un projet de construction d’une auberge à Tandrara. Et ce en plus des autorités locales. «Les clients notamment européens ne veulent pas signer de contrat sans préciser le nombre de rotations à proposer et comment fidéliser une clientèle. L’idéal serait de tester cette offre pendant une année avec des prix bas et de rotations élevées et on verra le résultat», précise-t-on auprès de certains acteurs qui croient fortement en ce train du désert.

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