Culture

Les « BILLETS BLEUS » : panorama d’une période charnière

© D.R

Cet ouvrage, qui se décline en 312 pages sous le titre "Billets Bleus. Chroniques marocaines", est un concentré de l’actualité politique, économique, sociale, culturelle et sportive du Maroc au cours de cette période charnière de l’Histoire contemporaine du Royaume.
De format moyen, "Billets Bleus" offre une lecture agréable, avec le recul nécessaire, d’une série de chroniques s’étalant entre 1994 et le 8 septembre 2000. Il replonge le lecteur dans une période riche en évènements (Accession de SM le Roi au Trône, gouvernement d’alternance, mutations profondes dans les champs culturel et médiatique, etc)  En prélude de ses billets, Khalil Idrissi avait l’habitude d’user de formules lapidaires du genre "Taieb Seddiki est en colère", "Vive la police judiciaire" ou encore "La jeunesse chez nous est choyée" pour rendre compte, commenter ou critiquer.
Pour lui, tout évènement, petit ou grand, est matière à commentaire, souvent  sur un ton ironique qui n’entame en rien le sérieux du message que l’auteur cherche à transmettre.
Des personnalités d’ici et d’ailleurs et jusqu’aux illustres inconnus, tel ce gendarme au bord d’une route quelque part au Maroc, le journaliste en a fait  des protagonistes de ses billets livrés chaque semaine. Il n’hésitait pas à décocher des fléchettes, à forcer le verbe et à recourir à la métaphore pour susciter une réaction, un commentaire. Il a été jusqu’à se réjouir in petto du procès, le premier contre Maroc Hebdo, intenté par un grand homme de théâtre pour un article supposé critique.
Dans ses "Billets Bleus" publiés sur un fond de la même couleur dans Maroc Hebdo, le chroniqueur observe, critique, décortique et dissèque l’actualité hebdomadaire sous tous ses aspects. Il livre ses appréciations, fait partager ses émotions et entraîne le lecteur dans son monde par un jeu de mots captivant  et des tournures relevées.
Il s’agit, selon l’auteur, "d’une contribution pour mieux comprendre le tournant crucial" que le Maroc avait pris dans les années 90. L’ouvrage, qui rassemble plus de 120 billets classés selon une thématique particulière, se veut un témoignage pour aider les jeunes confrères et les lecteurs à mieux saisir que "ce que nous vivons actuellement est l’aboutissement d’un long chemin", a affirmé à la MAP Khalil Idrissi.
 Au-delà de cet aspect purement journalistique, ajoute l’auteur, l’ouvrage revêt une valeur historique indéniable par rapport à une période féconde du Maroc moderne.
Dans la préface de cet ouvrage, le poète Mostafa Nissaboury se souvient que  les premiers "billets bleus" avaient "auguré d’un nouveau ton dans la presse écrite". "Les portraits qu’il dressait ( ) de personnalités dont on ne prononçait jusqu’alors le nom qu’à voix basse, derrière un propos en apparence excessif, m’avaient frappé par leur crédibilité", écrit-il.
Pour Nissaboury, le journaliste utilisait dans ses chroniques des mots "appartenant à lui seul mais que tout un chacun peut faire siens tant ils renvoient immédiatement à la réalité du pays dans ses aspects les plus courants  comme les plus incongrus".
En lisant et relisant ces billets, Nissaboury relève le "discours direct et entraînant, la formule rapide et le raccourci saisissant" dont use avec doigté le journaliste. Il en sort, comme le commun des lecteurs, "pas seulement  bien informé, mais libre d’avoir notre propre intelligence des faits abordés ( ), sans oublier évidemment le plaisir du texte qui promet, en cours de lecture, une vraie cure de jouvence".
En quittant Maroc Hebdo, Khalil Idrissi, en professionnel qui tient en haute  estime les assidus de ses chroniques, a pris soin de dire, à sa manière, ses adieux aux lecteurs. Il a tenté d’expliquer, péniblement et maladroitement, dans son "dernier billet bleu" (publié le 8 septembre 2000) les raisons de son départ de Maroc Hebdo.
Il s’agissait, en fait, d’un nouveau départ, car Khalil Idrissi, journaliste jusqu’à la moelle, a fondé, une année plus tard, le quotidien "Aujourd’hui le Maroc" dans lequel il tient une autre chronique non moins illustre. Il est décidément "habité" pour un démon nommé "journalisme".
 Khalil Idrissi est né le 14 août 1956 à Casablanca. Il est titulaire d’un diplôme de 3ème cycle de l’Institut de géographie de Paris (université Panthéon-Sorbonne). Il est marié et père de deux filles.

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