Culture

L’Espagne veut digérer la bataille d’Anoual par un film

L’Espagne n’a pas encore digéré sa défaite lors de la bataille d’Anoual. Une cinglante défaite – véritable camouflet à une puissance colonialiste en mal de reconnaissance en Europe. Rappelons brièvement les faits de la défaite la plus cuisante de l’Espagne au XXe siècle. L’armée espagnole engage en 1921 une impressionnante armée pour mater Abdelkrim et ses hommes dans le Rif. Elle laisse entre 15 et 20 mille hommes dans cette bataille, et est acculée à mendier le secours de la France pour revenir à la charge en alignant près de 500 000 hommes.
Cet épisode est tant bien que mal étouffé par les chroniqueurs de l’Histoire de ce pays. Il est volontairement marginalisé au bénéfice de la guerre civile en 1936 et du rôle qu’y ont joué les Marocains mobilisés par le général Franco. Aujourd’hui, un réalisateur veut faire un film de cette bataille. Une façon de revenir sur cette défaite, une catharsis aussi. Trois hommes : Benito Zambrano (réalisateur), Manuel Hornillo (directeur artistique) et Lorenzo Silva (écrivain) sont en tournée dans la région du Rif pour localiser les sites du tournage du film. Ils ont établi leur quartier général dans la ville occupée de Melillia.
Le casting espagnol est fin prêt pour le tournage. Il comprend aussi des comédiens marocains selon le quotidien espagnol « El Mundo », qui rapporte l’information, dans son édition du 4 octobre. La reconstitution de la bataille va nécessiter de considérables moyens et un nombre impressionnant de figurants.
Le réalisateur du film n’est pas un inconnu des cinéphiles. Il a accumulé les récompenses en 1999 pour son film « Solas » qui a été primé à Berlin et à Dijon. Ce film raconte les malheurs de deux jeunes femmes perdues dans une cité moderne. Le réalisateur s’est aussi essayé au film d’Histoire avec « Shakespeare in love » en 1998. C’est dire que ce n’est pas un inconnu du cinéma qui va réaliser le long-métrage sur la bataille d’Anoual. Il reste à voir l’optique qu’il va adopter dans ce film. Est-ce l’histoire de quelque officier espagnol romantique et nostalgique, et qui va mourir – évidemment – d’une façon héroïque, victime de la barbarie des indigènes ? Ou est-ce une toile qui repositionne l’Espagne dans ses délires colonialistes et ce qui en découlé comme désenchantement ?

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