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«La mémoire fantôme»

Marion Moinet, une jeune mathématicienne a perdu la mémoire. Elle a oublié tout ce qui lui est arrivé depuis qu’un cambrioleur a failli l’étrangler trois ans plus tôt. Depuis, elle oublie tout en quelques instants : visages, évènements, a-t-elle mangé  Que fait-elle là ? Qui est cette personne ? Un soir de pluie, elle est retrouvée errante et apeurée dans Lille, chez le lieutenant de police Lucie Henebelle. Sur sa main sont gravés les mots «Pr de retour». Lucie Henebelle était déjà l’héroïne du précédent thriller de Franck Thilliez, La Chambre des morts . C’est elle qui mène à nouveau l’enquête. Celle provoquée par la mutilation sur la main de Marion Moinet et qui annonce une très mauvaise nouvelle : le retour du Professeur, un tueur en série amateur de jeux de pistes à base d’énigmes mathématiques, qui s’était calmé depuis quatre ans. Mais mener une enquête sur et avec une amnésique, c’est un peu comme vouloir manger de la soupe avec des baguettes : c’est peu productif. Malgré ce handicap certain, Franck Thilliez mène son récit à toute allure. On ne sait d’ailleurs pas très bien qui de l’auteur ou de la survoltée Lucie Henebelle donne le tempo , mais en tout cas, ça fonce. Ceux qui aiment le rythme seront servis : cette jeune femme est intenable. Ceux qui aiment la procédure, l’épaisseur des personnages et de leurs relations ou une certaine vraisemblance, le seront un peu moins : la cavalcade du duo Henebelle-Moinet n’attend pas. L’intrigue est bien menée, le dénouement contient tout ce qu’il faut d’inattendu et de dramatique. C’est une certaine conception du polar, et surtout du thriller, qui est ici mise en application.

Franck Thilliez, «La mémoire fantôme»,
éditions du passage, 2007.

«Vol à main gantée»

Jillian Siegel 29 ans, le must de l’existence à Manhattan : des vêtements somptueux, un petit ami adorable, et une place en or dans une agence de pub dont la renommée n’est plus à faire. Mais personne ne connaît son passe-temps favori qui consiste à choisir, dans les rayons des grands magasins, des vêtements de designers hors de prix et de partir… sans les payer !  C’est en volant une paire de chaussettes à 4 dollars, alors qu’elle vient d’acheter un chemisier bien plus cher dans la même boutique, qu’elle se fera prendre la main dans le sac, et conduire au poste de police. Elle y rencontre Shelly, une jeune paumée, arrêtée elle aussi pour vol à l’étalage, avec qui elle se lie d’amitié. À leur sortie, Shelly lui présente un gang de voleurs professionnels. Sous ses faux airs de comédie légère et enlevée, Vol à main gantée cache un bien étonnant portrait de pauvre petite fille riche. Car c’est dans ses moments de déprime que notre héroïne Jillian s’adonne à sa passion aussi exaltante qu’illégale. Son hobby étrange ne camouflerait-il pas, en fait, un réel mal de vivre ? Et cela menace de tourner au drame lorsque Jillian noue des liens peu recommandables. 

Jennifer Solow « Vol à main gantée »,
éditions du fleuve noir, 2007

«Le monde invisible»

Fils d’immigrés tchécoslovaques, le narrateur raconte son enfance à New-York dans les années 1950. Une enfance peuplée de rêves où la langue tchèque vient le bercer comme une ode feutrée. Des soirées douillettes où il attend impatiemment que son père lui raconte les légendes qu’il aime tant, des dîners aux parfums enchanteurs, des parties de pêche où le merveilleux se conjugue au présent. L’enfant guette les moindres paroles des adultes, tous immigrés qui racontent leur pays, leur terre et cette guerre nimbée de mystères. La guerre est cette part d’ombre que ses parents lui racontent par petites bribes. «L’ouest est un grand solvant de l’histoire. Il dissout la douleur et ne retient que la coquille» , aimait dire son père. À leur mort, le narrateur, alors âgé de 37 ans, part sur les terres de ses ancêtres pour assembler ce puzzle; de rencontres fortuites pas souvent nécessaires, il réussit à trouver les réponses à ses questions. Sa mère Ivana a vécu une douloureuse passion avec un jeune homme, fomenteur de l’assassinat de Reinhard Heydrich, architecte de la Solution Finale.

Mark Slouka, « Le monde invisible »,
éditions Grasset, 2007

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