Culture

Mohamed Tsouli : «Derb Sultan est une source qui a beaucoup donné»

© D.R



ALM : Que représente pour vous le quartier Derb Sultan?
Mohamed Tsouli : Pour moi Derb Sultan est la source de tout ce qui est vivant, que ce soit aux niveaux social, culturel, sportif ou artistique. Il a vu naître également plusieurs artistes musiciens et dramaturges.., mais aussi  des militants et des résistants. Durant la période allant de la moitié des années quarante jusqu’à la moitié des années cinquante, les jeunes de Derb Sultan étaient conscients de la nécessité de sensibiliser leurs concitoyens des valeurs de la liberté et de l’indépendance. En réalité, Derb Sultan est une source qui a beaucoup donné dans tous les domaines. Ce quartier a abrité plusieurs événements qui comptent beaucoup dans l’histoire du Maroc contemporain. C’est le cas, par exemple, de l’attaque des Sénégalais qui a eu lieu le 20 avril 1947 à Derb Sultan. Cette attaque a fait plusieurs victimes. Je me rappelle très bien qu’à l’époque j’étais âgé de sept ans. Je suis sorti ce jour là portant sur ma tête un plateau de pain, les Sénégalais sortant de leur caserne à Derb Sultan tiraient aveuglement sur tout ce qui bougeait. Ce jour-là j’ai failli mourir. 

Quel est le plus beau souvenir que vous gardez de Derb Sultan?
Parmi les beaux souvenirs qui marqueront mon esprit à tout jamais, il y a la grande joie occasionnée par le retour triomphal de feu Mohammed V et l’avènement de l’indépendance. A la suite de ce retour, de grandes cérémonies ont eu lieu dans les ruelles et les quartiers. Je me rappelle aussi qu’à la suite de cet événement plusieurs groupes de théâtre amateurs ont vu le jour spontanément, notamment «Al Ittihad Al Akhawi», «Achihab Almasrahiya», «Al Ahd Al Jadid», «Al Ourouba», «Nojoum Al Atlas». C’était vraiment la belle époque du théâtre. Malheureusement, aujourd’hui le théâtre n’est plus présent.
 
Est-ce que vous gardez toujours des liens avec ce quartier ?
En fait, j’habite toujours à Derb Sultan. Après avoir quitté «M’dina lkdima», je me suis installé dans ce quartier en 1945. J’habite toujours devant l’ancienne caserne des Sénégalais dont je vous ai parlé. A Derb Sultan on se rencontrait souvent entre amis dans le café «Akloun». Il y avait des intellectuels, des dramaturges, des musiciens, des écrivains et des poètes, notamment Feu Ahmed Serghini, Mustapha Toumi, Abdelkader Badaoui ou Brahim El Alami.
 
Pensez-vous que Derb Sultan conserve toujours son identité?
Absolument pas, Derb Sultan a beaucoup changé. Les habitants originaires de Derb Sultan l’ont quitté vers d’autres quartiers de Casablanca. Les habitants actuels de ce quartier sont issus de l’exode. Derb Sultan a même changé, géographiquement parlant.

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