Culture

«Notre musique est un mélange de langues et de genres»

© D.R


ALM :  A écouter votre musique, on a l’impression que c’est un genre qui appartient et puise dans la nouvelle scène. Etes-vous d’accord avec ce constat ? 
Réda Allali : Nous ne représentons pas la nouvelle scène, mais plutôt une vision et un genre propres à nous. C’est déjà pas mal. Notre musique mélange allégrement les langues et les genres, se promène entre châabi et reggae, rock et raï sans donner l’impression de se perdre en route. Sur scène, chaque instant est un pur plaisir. Notre musique est, bien entendu, un métissage. Personnellement, je ne connais aucune musique qui ne le soit pas. Même dans le répertoire de la chanson marocaine classique, nous trouvons des cas de métissage. Notre musique châabi répond aussi à cette réalité. Le groupe Hoba Hoba Spirit ne cherche pas des rythmes, mais à secouer les gens.

Revenons à votre enfance. Pouvez-vous nous confier un de vos souvenirs d’enfant ?
Je n’oublierais jamais la période durant laquelle nous vivions, ma famille et moi en France. D’ailleurs, j’y ai passé une partie de ma vie. Le souvenir qui m’a le plus marqué est lorsque j’étais en voiture avec mon père et que nous écoutions la célèbre chanson de Nass El Ghiwane «Fine ghadi biya khouya». Aujourd’hui, c’est un grand honneur pour moi de faire revivre cette chanson avec notre propre style. Je me souviens aussi très bien d’un concert que nous avons animé en 2003 dans nos débuts dans la ville de Safi. Nous avions eu très peur de cette expérience. D’ailleurs, nous nous sommes dit que les Safiots n’allaient pas comprendre notre musique. A notre grand bonheur, le concert a réussi à merveille.

Quelles sont tes influences au niveau de la musique ?
J’écoute tous les genres musicaux, arabes ou occidentaux. Dans le raï, à titre d’exemple, Cheb Hasni se place parmi mes artistes préférés. Ses chansons pleines d’images racontent toujours une histoire et ressemblent à des séquences de films. Je m’en inspire pour l’écriture des chansons. Je pense que notre châabi est l’équivalent du raï en Algérie. Je suis aussi influencé par quelques nouveaux groupes européens comme «Artic Monkays» que j’ai eu l’occasion d’écouter en Suisse.

Quelles sont les difficultés que avez rencontrés lors de vos débuts ? Et à qui dédiez- vous ce succès ? 
Sincèrement, il n’y avait pas beaucoup de difficulté ou du moins je ne m’en souviens plus. J’ai débuté ma carrière en 2001 quand j’ai rencontré mon collègue Adil. C’était un rêve pour nous de réjouir le public marocain même si cela n’était pas facile. Hoba Hoba Spirit  ne représentait, pour certains qu’un groupe issu de la nouvelle vague de la musique fusion. Ce n’est pas aisé de s’imposer dans le milieu. Nous avons travaillé pendant sept ans pour arriver à ce stade.
Aujourd’hui, je rencontre beaucoup de jeunes qui ne sont pas prêts à peiner pour assurer leur crédibilité. Ils ont l’impression que cela se passe vite. À mon avis, ils doivent s’engager plus. Par ailleurs, je ne peux dédier le succès de Hoba Hoba Spirit à une personne mais à un état d’esprit qui transforme les douleurs en des plaisirs. 

Quels sont vos projets ?
Un an après la sortie de «trabando», nous venons de sortir notre quatrième album intitulé «Al Gouddam».
L’album comporte dix chansons. Pour le moment, nous réfléchissons sur le cinquième. Nous sommes toujours obsédés par les mêmes questions : qui sommes-nous, où va-t-on ? Comment avancer ? C’est le sujet de quasiment tous nos morceaux. A cela s’ajoute l’envie de s’amuser et de toucher les gens. 
Prochainement, nous serons au festival Mawazine. Nous prévoyons aussi animer deux concerts dont l’un en Belgique et l’autre à Fès.  Rien qu’en 2007, le groupe a enchaîné environ 60 concerts à travers 7 pays différents. Mais notre aventure ne fait que commencer 

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