Culture

Pinhass : «Les impôts ne me laissent pas en paix»

© D.R

ALM : Vous êtes un chanteur marocain, vous avez un public au Maroc, pourquoi êtes-vous parti en France ?
Pinhass : Quand on m’a accusé d’être un trafiquant de devises dans les années 90, j’ai dû passer 6 mois en prison, et j’ai payé 10 millions de dirhams. Après ça il ne me restait plus rien, et j’étais contraint de m’exiler.
Je ne peux pas rester au Maroc, car on ne me laisse pas travailler tranquillement. On me demande à chaque fois de payer des impôts, les autorités croient que je gagne des milliards.
Votre exil n’est donc pas volontaire ?
Non pas du tout. J’ai décidé de partir en France, car je n’avais pas le choix. J’étais obligé d’aller gagner ma vie ailleurs. Ceci, tout en sachant que le Maroc est mon pays et que j’ai des compositions totalement marocaines. Mais dès qu’on me voit organiser des spectacles intimes entre amis, on me demande de payer des impôts. La situation devenait intenable et j’ai décidé alors de partir vivre en France.
Mais avez-vous vraiment fait dans le trafic de devises?
Jamais de la vie. Je n’ai pas trafiqué de devises et je ne vois pas pourquoi je le ferais. Je n’en ai pas besoin. Je ne veux pas dire par là que je gagne énormément d’argent, mais ce que je gagne me suffit largement. Tout ce qu’il y a, c’est que je devais partir animer un concert en France et je voulais prendre avec moi une grande somme d’argent dont j’avais besoin. On m’a donc arrêté à l’aéroport et sans chercher à avoir des explications, j’ai été incarcéré et j’ai passé 6 mois en prison.
Quel est aujourd’hui votre sentiment sur cette affaire ?
Les 6 mois que j’ai passés en prison ont brisé complètement ma vie et ma carrière d’artiste. L’affaire a pris une tournure exagérée et spectaculaire. Tout de suite après mon incarcération, les journaux et les médias se sont emparés de cette affaire. Ceci sans chercher à connaître la part de vérité dans tout cela. Ma détention à été à mon avis surmédiatisée et cela a contribué à détruire ma carrière d’artiste. Toute la popularité que j’avais construite au Maroc à coup d’efforts est partie en fumée à cause de cette malheureuse affaire. J’en ai pâti beaucoup.
Aujourd’hui est-ce que vous vous êtes remis de cette détention?
Oui grâce à Dieu, aujourd’hui ça va bien mieux et je suis en train petit à petit de reconstruire de nouveau mon image et ma réputation. Je continue toujours d’organiser des concerts de musique pour la communauté juive en France et à l’étranger. Mais la seule chose que je demande aujourd’hui aux autorités marocaines, c’est que je sois réhabilité et qu’on cesse de me demander à chaque fois de payer des impôts.
Est-ce que vous animez toujours des fêtes de mariage que ce soit au Maroc ou à l’étranger?
Non, plus maintenant. J’anime toujours des spectacles, mais ça se passe toujours soit chez des amis ou dans des cercles fermés. Je continue à faire des recherches et des compositions, je ne baisse pas les bras.
Mais, avez-vous des échos sur la vente de vos disques au Maroc ?
Non, je n’en ai aucune idée.
Et en France est-ce que vous vendez vos albums ?
Non plus. Vous savez, je ne travaille pas beaucoup, la plupart des spectacles que j’organise sont privés. Et c’est ainsi que je gagne ma vie.
Vous ne pensez pas revenir vous installer au Maroc ?
J’ai toujours ma famille à Casablanca, donc forcément je reviens souvent pour leur rendre visite. J’aimerais bien me réinstaller définitivement au Maroc, car c’est très dur de vivre à l’étranger loin de son pays. Mais malheureusement on ne me laisse pas travailler en paix. Je suis tout le temps persécuté. Non seulement, les autorités marocaines continuent à me demander de payer des impôts même si je vis et je me produis en France, mais aussi j’encaisse tout ce qui arrive au Pinhass de Marrakech. Etant donné qu’il existe deux Pinhass au Maroc, tout ce que fait le Pinhass de Marrakech, on me l’attribue. Finalement, c’est moi qui me retrouve à payer les pots cassés tout le temps.

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