Culture

Pour une rencontre

ALM : Qu’est-ce qui vous a porté à publier des livres à petit tirage ?
Alain Gorius : Et bien tout simplement, parce qu’au départ nous avions cette galerie, la galerie Al Manar, et par conséquent un contact privilégié avec les peintres. Ensuite, se sont greffés autour de nos activités purement de galeristes un certain nombre de poètes qui sont devenus des amis. Et donc, on s’est dit qu’il est normal que l’image plastique et l’image poétique correspondent. Et c’est ainsi que nous avons commencé à faire des livres signés conjointement par le peintre et le poète. Ce sont des livres de dialogue. Des livres qui matérialisent la collaboration intime d’un poète et d’un peintre. Cela ne veut pas dire que l’un illustre l’autre, mais qu’ils se rejoignent dans un espace qui cristallise leurs préoccupations esthétiques communes.
C’est vous qui êtes derrière la rencontre du peintre et du poète ou vous êtes simplement un passeur?
Ca dépend, parfois certains poètes ne connaissent pas les peintres, et quand je juge qu’il peut y avoir une correspondance entre les deux, je provoque la rencontre. Par exemple, pour le livre de Khaïredine Mourad avec Saddouk, les deux hommes ne se connaissaient pas. Ils se sont rencontrés grâce à un livre.
Est-ce qu’il y a un public de bibliophiles au Maroc ?
C’est un public extrêmement restreint.
Vous arrivez à vendre les douze exemplaires ?
Oui, mais pas au Maroc uniquement. Sur douze exemplaires, il n’y en a d’abord que neuf à vendre. Deux exemplaires sont remis au poète et au peintre et un exemplaire est déposé à la Bibliothèque nationale de France. Et sur les neuf, j’en vends trois ou quatre au Maroc. Dans ce public de bibliophiles, il y a surtout des collectionneurs de peintures, qui connaissent les peintres qui travaillent avec les poètes.
Ils achètent donc le livre plus pour le peintre que pour le poète?
Je ne dirais pas ça. J’ai vendu par exemple des livres de Mostafa Nissabouri, plus pour le poète que pour le peintre.
Vous êtes éditeur, pas imprimeur?
Je suis éditeur. C’est pour cela que je n’imprime pas mes livres au Maroc. Parce qu’au Maroc, malheureusement, l’imprimerie typographique a disparu. Elle a été remplacée par l’offset qui est un progrès certes pour la multiplication des livres, mais qui ne l’est pas du point de vue de leur qualité. Et donc, un livre typographié reste pour moi un véritable livre, alors que ce que l’on voit au Maroc, ce sont des supports de publication et non pas des livres.
Vous travaillez avec quel imprimeur ?
Je travaille avec un imprimeur typographique à Paris qui est l’un des trois derniers typographes encore vivants en France. Il s’appelle François Huin.
Les quatre objets exposés en ce moment, est-ce qu’on peut leur donner l’appellation de livre ?
Bien sûr ! Ce sont des livres, bien qu’ils soient constitués d’un seul feuillet qui est imprimé d’un côté. De l’autre côté, ils sont manuscrits. Ce sont malgré tout des livres d’artistes. Ils sont voués à une diffusion extrêmement restreinte, mais il n’empêche qu’ils gardent le témoignage d’une rencontre, et ce sont des livres !
Vous pensez qu’ils sont faits pour être lus ou montrés ?
L’un n’empêche pas l’autre. On peut d’abord les lire et les garder dans une bibliothèque. C’est le sort normal. L’idéal serait qu’ils soient lus en même temps que vus. Ce sont les collectionneurs privés qui les achètent. Alors qu’ils en fassent ce qu’ils veulent. Ils peuvent les disposer dans une bibliothèque – qui est la place normale d’un livre- comme ils peuvent les mettre sous verre.

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