Culture

Quand la triche s’ancre dans la société

© D.R

Nulle obligation de répondre à ces questions, et de tomber dans l’embarras, car la tentation de l’interdit émane de la nature même de l’être humain.
Qu’est-ce qui pourrait bien pousser des personnes à céder à la tentation de la triche ? La facilité ? C’est pas facile du tout de tricher. Il faut se mettre dans la peau des tricheurs, pour comprendre la torture et la souffrance que ces derniers endurent pour jeter discrètement un coup d’œil  sur leur fameux «Hjeb». «l’Hjeb est notre salut, notre passeport vers l’avenir, comme disent les camarades », déclare Himad, 23 ans, étudiant dans une Faculté de médecine. De quel avenir s’agit-il? Ils sont nombreux et le deviennent de plus en plus, ces jeunes, ces effrontés qui manipulent et innovent dans «l’art» de la triche, en crént et en inventant, d’année en année, de nouvelles tendances et de nouvelles techniques. Dans le monde de la triche, on a ceux qui s’initient, ceux qui le sont déjà, les amateurs et les professionnels. On retrouve la triche en classe mais aussi au bureau, autrement dit ;  «Hjeb» et copier-coller.
Place au spectacle. Zoom sur une classe le jour de l’examen, et l’on verra les multiples tentatives de tricher ; l’impatience, l’inquiétude, voire  même l’angoisse des protagonistes de la triche, les nerfs qui se tordent, la sueur…. De quoi mourir d’une crise cardiaque ! Mais les plus habiles, eux, s’affichent avec un air de : «je suis sûr de moi, tout baigne, mon exam’, je l’aurais coûte que coûte et avec mes propres moyens». Dans une salle d’examen, les doigts se crispent, les regards n’arrêtent pas de se croiser, et de se détourner brusquement après. L’interminable et éternelle attente que le regard du surveillant soit distrait par un quelconque incident. On ne prend plus la peine de se creuser le crâne. On sombre dans la fainéantise totale. Selon des études sociologiques, les étudiants trichent, car ils ne vont plus à l’université pour apprendre mais pour réussir. Stressés par le discours ambiant sur le chômage et l’absence de valeurs des diplômes, ils sont prêts à tout pour s’en sortir.
De la simple feuille cachée dans la trousse au cours pré-enregistré sur son i-pod, les étudiants ne sont pas avares en imagination quand il s’agit de tricher. Si on est  néophyte en la matière, la toile regorge de sites comme le Web tricheur répertoriant les trucs et astuces pour pouvoir tricher sans risque de se faire prendre. Car il faut tout de même savoir que tout étudiant surpris en flagrant délit de triche est passible d’une interdiction d’examens pour 2 ans. Avec un peu d’indulgence, l’affaire peut se règler par un zéro. La triche devient un phénomène des plus inquiétants. Les étudiants n’attachent plus d’importance à la formation mais uniquement aux résultats. Caméra sur les surveillants d’examens ayant  aussi leur part de responsabilité en prenant à la légère cette mission et se concentrant plus sur leur journal que sur les étudiants.
De la triche à l’ancienne, on s’achemine vers la moderne.
«Rien ne semble valoir les «bonnes vieilles méthodes», pas besoin de dépenser des mille et des cents, il faut juste un peu de ruse», déclare Hakima, 15 ans, lycéénne. 
«Les tricheurs mettent au point des stratégies toujours plus osées. J’ai surpris une fois un étudiant ayant placé un bout de papier où figurait un cours entier, écrit en caractères, mais terriblement minuscules, à l’intérieur de son stylo, et en cliquant, on voit sortit le «Hjeb». Comment il a fait, jamais je ne le saurais», affirme surpris un professeur de géographie.  Une variante assez commune est celle de la bouteille de 50 cl, qui consiste à écrire au dos du papier qui recouvre la bouteille. «Il vous suffit de poser votre regard, vide et mélancolique,  propre aux tricheurs, sur votre bouteille afin de récupérer les informations dont vous avez besoin. Si un correcteur s’approche, il ne reste plus qu’à boire», confie fièrement Hassan, étudiant en Faculté de droit. La triche a des conséquences néfastes sur tous les corps des métiers. On commence à perdre cette faculté, de comprendre d’abords et de mémoriser par la suite. Une autre méthode consiste à coller une feuille sous la table et en cas de besoin, s’en servir. Mais si la colle décolle au moment où le surveillant effectue sa tournée, on devine la suite ! Le port des djellabas est fréquent pendant les jours des examens. «C’est une cachette sûre et rassurante», confirme Hanane, étudiante en littérature. 
Place à l’élève high-tech qui vit avec son temps et se sert des derniers gadgets multimédia. Nulle besoin de les citer. Les tricheurs convaincus les connaissent par cœur.
La triche aux examens est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur. Et plus les contrôles se durcissent, plus les stratagèmes des fraudeurs deviennent ingénieux.
Les méthodes de triche aux examens ont beaucoup évolué. Les héros du célèbre film des années 80 «Les sous-doués passent le Bac» sont des amateurs devant les tricheurs dernière génération. Fini le temps où les élèves tremblaient et rougissaient quand ils sont repérés par les surveillants. Ce sont les doigtés du métiers.  

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