Culture

Said Bouftass : Quand l’Autre devient une hantise

© D.R

ALM : Vos œuvres sont actuellement exposées à la Bibliothèque nationale, parlez-nous de cette exposition…

Said Bouftass : L’année 2013 commence bien pour moi puisque la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc abrite du 17 janvier au 17 février 2013 ma nouvelle exposition «Le corps en morceaux». L’espace de la galerie épouse bien l’esprit de mon travail. Mes peintures y respirent très agréablement. Je suis vraiment, tout à la fois, heureux et honoré.

Vous êtes l’un des peintres marocains à avoir placé le corps humain au centre de vos œuvres, pourquoi ce choix ?
Effectivement. Le corps interpelle, bien entendu, tous les artistes et tout le monde. Pour moi, il devient une vraie obsession. J’ai passé huit heureuses années à l’Ecole supérieure des beaux-arts de Paris à travailler comme un malade dans le département de morphologie du corps humain. Après l’obtention de mon diplôme j’ai assisté aux cours pratiques de François Fontaine pendant 18 mois. Ensuite et pour réfléchir et digérer cet intense travail pratique, je suis allé à l’Université Paris 8 continuer mes études jusqu’à l’obtention de mon doctorat avec une recherche intitulée «La morphologie du corps humain entre pédagogie artistique et science du corps». Donc j’ai réussi à acquérir une connaissance, anatomique et philosophique, assez profonde du corps humain.
Le corps continue à nous surprendre et nous étonner et ne sera jamais obsolète puisque nous ne cessons de le réinventer à travers nos conceptions et notre quotidien.

Quelle est votre principale source de création ?
L’Autre est ma vraie source d’inspiration. L’Autre me hante en permanence. L’Autre est partout surtout au fond du miroir. Observer, écouter, vivre pleinement, lire, écrire, prendre du recul… sont des habitudes qui me permettent d’être à l’écoute de la vie et de moi-même et m’aident ainsi à tisser un lien viscéral et vrai avec la toile.

Comment définissez-vous votre démarche artistique ?
Il m’est presque impossible de définir mon travail pictural. Mais je dirais que je ne peins pas pour séduire ni pour plaire, mais pour interroger mes démons, ma trajectoire. Je peins pour vivre un moment total de liberté. Je peins pour consommer ma solitude pour être avec moi-même. Ma démarche artistique est plutôt égocentrique puisque je peins d’abord pour guérir du «mal de vivre», pour provoquer un silence d’esprit.

Vous êtes également créateur de dessins animés, comment est née cette passion ?
La passion de la création du dessin animé est plustôt logique et naturelle. Puisque la passion monomaniaque de la morphologie du corps humain implique celle de la physiologie donc du mouvement et du dessin animé. J’avais créé, en 1996, la première société de dessin animé dans l’histoire du Maroc (Casapremière) avec laquelle j’avais réalisé, avec une équipe de jeunes créateurs, plusieurs produits en publicité (Tomate Aïcha) et des séries télévisées (Kenzi, allô maman bobo).

Avez-vous des projets ?
En tant qu’enseignant-chercheur à l’Ecole nationale d’architecture à Rabat, je pilote un projet intitulé «Architecture et Culture» qui, comme premier fruit, donnera la naissance du premier colloque national «Architecture et Culture» organisé par l’ENA et la BNRM. Nous avons proposé la date du 5 avril 2013. Ce projet me tient trop à cœur puisqu’il permettra de dire avec force qu’une politique en dehors de l’art et de la culture est tout simplement inconcevable. Des invités de marque seront parmi nous pour réfléchir d’une manière scientifique, sociologique, politique et artistique sur la question. J’ai eu l’honneur d’être désigné comme directeur du Festival international de la bande dessinée de Casablanca. Cette année nous préparons la 2ème édition qui aura lieu les 3, 4 et 5 mai 2013. Nous fêterons le «Manga». En invitant le Japon pour cette édition, nous manifestons notre admiration pour la civilisation japonaise et sa culture et nous célébrons l’amitié maroco-japonaise.

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