Culture

Sayda Laïla : une célèbre anonyme

© D.R

Le proverbe «A toute dame tout honneur», s’adapte parfaitement à la personnalité de Malika Méliani. Surnommée « Sayda Laïla », cette femme, la soixantaine entamée continue toujours à forcer le respect. Et pour preuve, le réalisateur Hassan Benjelloun s’est intéressé à son histoire et a tenu à lui rendre hommage à travers son téléfilm en tournage actuellement à Casablanca « Juste pour les couples». Le titre de cette œuvre cinématographique fait déjà allusion à l’émission « Juste pour les femmes » animée dans les années 60 par celle qui gravira les marches de la gloire avec le surnom de Sayda Laïla.
Cette émission était la première réalisation radiophonique de Malika Méliani. Une émission sociale qui donne la parole aux femmes à une époque où la parole était confisquée. Les femmes, en tout cas, avaient très peu droit à la parole. Conjoncture historique oblige. Sayda Leila avait déjà à son époque des idées libérales voire engagées. Elle était encouragée par son père qui la considérait tel un fils et non une fille. « Mon père, que Dieu ait son âme, me répétait constamment qu’il aurait aimé que je sois un garçon et allait même jusqu’à m’appeler Abdelmalek», raconte Sayda Laila avec un air de nostalgie.
Lorsqu’elle raconte son passé, cette journaliste aujourd’hui retraitée, elle prend soin de parler avec précision et modestie. Sayda Laïla n’a pas cet orgueil qui assaillit certains journalistes surtout ceux de la télévision. Devenir star et vedette ne l’aurait jamais intéressée. « J’avais eu plusieurs propositions de travailler à la télévision, j’ai osé une tentative, mais je n’étais pas intéressée, ma passion c’est la radio ». Malika Méliani n’aime pas le vedettariat, elle préfère mener sa carrière tranquillement en étant constamment à l’écoute des convulsions de la société.
C’est cette action qui aurait contribué à la renommée, de Sayda Laïla. Les auditrices de « Juste pour les femmes »  se rappellent de cette voix particulièrement tendre qui incite à la confidence. « Sayda Laïla menait à bien la mission d’un journaliste qui est celle d’être un thermomètre de la société », souligne une auditrice fidèle. Sayda Laïla osait en effet soulever des questions qui touchaient directement la femme et la famille. Elle faisait un véritable travail de terrain en se déplaçant chez les familles parfois les plus démunies et leur tendre le micro.
Une fois la confiance établie, l’interlocutrice déballait tous ses problèmes avec son mari, ses enfants, allant même parfois jusqu’à révéler les confidences les plus intimes. L’approche de Sayda Laïla séduisait puisqu’elle avait le tact qui permettait à ces femmes de se dévoiler. Cette fibre journalistique, Sayda Laila l’a acquise à l’école de la vie. « Mon amour pour ce métier remonte à l’époque de l’exil du défunt Roi Mohammed V à Madagascar, j’étais étudiante au collège à Meknés, les manifestations pour le retour du Roi allaient bon train », relate la journaliste. A cette période même, Malika Méliani rencontre un journaliste qui lui demande de se rendre à l’hôpital en faisant semblant d’être une simple visiteuse pour pouvoir prendre des photos des manifestants hospitalisés. Elle jouera bien le jeu et finira par immortaliser les scènes qui lui ont été demandées.
Ceci va se solder par une poursuite judiciaire. Cette expérience lui coûtera par la suite un passage au commissariat avec tous les désagréments qui s’en suivent. Cette histoire, Sayda Laïla préfère en garder les détails pour ses mémoires qu’elle est en train d’écrire. D’un naturel discret, elle parle très peu de cette époque.  C’est de l’avis même de ceux qui l’ont fréquentée et avec qui ils se remémorent de bons souvenirs. «Sayda Laïla est une femme très discrète, elle n’a jamais voulu parler à ses collègues et amis de sa vie privée», raconte Asmahan Ammor, la directrice de la radio régionale d’Oujda.
Elégante, Sayda Laïla est une femme très coquette. Elle adore les parfums. « C’est une bonne vivante », déclare Asmahan Ammor. Aujourd’hui, six ans après sa retraite, Sayda Laïla collabore toujours avec la radio marocaine et cultuvait son émission «Avec la famille ». Une façon de poursuivre sa passion jusqu’au bout, avec force, courage et abnégation.

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