Culture

Statut d’artiste : les attentes des professionnels

© D.R

Youssef Fadel (écrivain)
Ce statut ne va rien apporter à l’écrivain, qui a des problèmes plus graves. Un écrivain professionnel, pour subvenir à ses besoins immédiats, a besoin au moins de ses droits d’auteur. Or, ni le cinéma, ni le théâtre, ni la télévision ne lui donnent ses droits qui sont primordiaux pour lui. L’écrivain est payé une seule fois même si son œuvre passe à la télé une vingtaine de fois ou plus. Pour le théâtre, il ne touche aucun centime, ce qui est contraire à tous les règlements internationaux. A quoi sert donc ce statut quand on n’est pas payé ?

Latéfa Ahrrare (actrice)
Pour une fois, l’artiste marocain va pouvoir se représenter auprès des organismes publics (Caisse nationale de sécurité sociale, entre autres) et privés (banques, pour éventuellement contracter un crédit). Et puis, ce statut va permettre d’organiser le métier d’artiste dans la mesure où il déterminera qui sont les professionnels et qui ne le sont pas. La route sera enfin barrée devant les intrus et autres parasites.

Omar Chraïbi (réalisateur-producteur)
Si j’ai juste une reconnaissance de la part des institutions, c’est déjà une bataille de gagnée. En tant que producteur, le statut me permettra d’avoir une visibilité par rapport à l’artiste lui-même. Parce que, par le passé, c’était traiter les artistes au cas par cas. Et maintenant, on a un cadre juridique par rapport auquel on peut traiter tout le monde sur un pied d’égalité. Pour donner un exemple, c’est la couverture sociale.

Amal Ayouch (actrice)
D’abord, il n’y a pas eu de médiatisation auprès des gens concernés. Plusieurs artistes n’ont encore pas eu de regard sur ce statut. Pour moi, le problème se pose au niveau de l’application de ce statut. Et puis, je me demande si l’artiste est aujourd’hui en mesure de revendiquer ses droits auprès des producteurs. N’empêche, il est urgent que les temps changent pour que l’artiste ne soit toujours pas ce bâtard ou cet orphelin de la société.

Ahlam Lemseffer (artiste-plasticienne)
Il y a le statut juridique et il y a le statut moral. Le statut juridique va bien entendu structurer la profession de l’artiste, lui donner des droits sociaux. Et ces droits vont donner une  confiance à l’artiste, ils vont lui permettre de mieux s’épanouir et être plus productif.
Il y a aussi le statut moral que je trouve très important parce que c’est ce statut qui va donner de la crédibilité et une reconnaissance sociale. Ce que l’artiste peut donner par son art peut influer sur la formation et l’éducation du public. On joue sur le public quand il regarde un film, un tableau, une pièce de théâtre, écoute une chanson, etc. C’est une élévation de l’esprit, c’est-à-dire que le spectateur accède à une vibration. Et c’est là que peut s’opérer la transformation souhaitée.

Abderrahmane Tazi (cinéaste)
Le fait de parler de statut, c’est déjà reconnaître la présence et l’existence de l’artiste au Maroc. Parce que, auparavant, l’amalgame entre artiste et amuseur était très courante. Grâce à l’audiovisuel et la télévision en particulier, le téléspectateur a fait connaître « l’artiste » dans toutes ses diversités : rappelons-nous les émissions du Ramadan !!!
La reconnaissance de l’artiste au niveau du passeport et de la carte d’identité nationale lui donne déjà un statut dans notre société où la culture ne vient même pas au 3ème degré.

Nora Skalli (actrice)
Ce qui m’a d’abord touchée, c’est que le métier d’artiste à toujours été comme une maison sans portes. Je me trouve, à chaque fois que je veux tourner, sur un plateau avec des gens qui se disent acteurs ou actrices mais qui ne savent même pas se tenir debout. Le comble, c’est que parfois on me propose des rôles secondaires face à des intrus avec des premiers rôles.

Abdelkbir Rgagna  (comédien, metteur en scène et responsable syndical)
Comme tout autre professionnel, l’artiste a des droits. La reconnaissance de ces droits va permettre à cet artiste de travailler dans des conditions correctes. Ce statut va permettre de clarifier mon rapport avec le producteur, les agences artistiques servant d’intermédiaires entre l’acteur et le producteur. Et puis, ce statut aura pour mérite de protéger l’acteur contre les risques du métier (accidents, maladies, etc).

Taïeb Saddiki (dramaturge)
Avec l’adoption du statut d’artiste, un premier pas a été franchi. Parce que d’abord il y a reconnaissance de l’artiste. Cet artiste ne sera plus marginalisé et livré à lui-même (sans assurance et autres droits). Et naturellement, un artiste dans cet état-là est beaucoup plus proche disons du monde de la mendicité. Maintenant, le drame est qu’il y a trop d’analphabètes dans notre métier. Ils sont incapables de porter un jugement et d’améliorer la situation. Mais ils ont une un redoutable atout : c’est qu’ils ont grande capacité de nuisance.

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