Culture

Un reggae aux senteurs marocaines

«Comment se fait-il qu’il n’y ait pas au Maroc de chanteur mondialement connu? Qui est responsable de cette situation ? En Algérie, ils ont Khaled, au Sénégal Youssou N’dour, en Côte d’Ivoire Alpha Blondy, et nous rien ! » L’homme qui tient ses propos est un jeune chanteur de reggae, âgé de 33 ans. Son indignation en dit long sur son ambition. Monsif ne veut ni plus ni moins que devenir le chanteur marocain le plus connu dans le monde.
Doté d’une voix chaude et pure, ce natif de la ville de Safi espère beaucoup de son nouvel album, « Exode », pour atteindre cet objectif. Auteur, compositeur, interprète et arrangeur, il veille sur ses enregistrements de A jusqu’à Z. Son dernier album, édité chez « Griffe et furtive » et distribué par Sony Music, possède de solides arguments pour lui huiler la voie de la réussite. Monsif El Hamrani et le reggae, c’est une longue histoire. Une histoire qui commence au Maroc, avant que l’intéressé ne parte poursuivre, après son bac, ses études en France. Et le curieux, c’est que Monsif ne doit pas sa passion pour le reggae à Bob Marley, mais à Alpha Blondy. Le premier déclic se produit en 1985. Monsif découvre l’artiste ivoirien et décide de chanter. « Je me suis dit : si ce gars-là chante, moi aussi je peux le faire », se souvient-il. Il chante dans un cercle confidentiel pour des amis.
La deuxième charge, l’intéressé la reçoit à Nancy où il s’est établi. Il assiste à un concert du chanteur ivoirien et ne résiste pas à la tentation d’acheter une guitare. Il apprend le solfège et compose ses premières chansons. Quatre chansons que ses amis le poussent à enregistrer dans un studio. Un signe du destin : le guitariste d’Alpha Blondy visite le studio et offre ses services pour la totalité des chansons. Au grand étonnement de l’artiste, un distributeur propose de diffuser ses enregistrements sur le territoire français. Le premier album, « Baraka », est né. Monsif est heureux de le voir en vente dans les grandes surfaces, mais n’entame rien pour le promouvoir.
Ce défaut de promotion, il est décidé à le corriger dans son deuxième album. Il a même quitté son travail pour s’y consacrer. « Exode » comprend des chansons interprétées en trois langues : arabe, français et anglais. Interrogé sur la signification du titre de son album, Monsif répond : « Nous éprouvons tous le besoin du départ, de changer de lieu, de maître ». Quel maître autre qu’Alpha Blondy peut avoir Monsif ?
Ce chanteur n’a donc plus besoin de l’ombre protectrice de l’artiste ivoirien. Il sent qu’il peut voler de ses propres ailes. La teneur de certaines des chansons de son dernier album le prouve. L’une des chansons «Ourih» (montre-lui) est une apologie de la civilisation arabe. «Le mot arabe est devenu une insulte dans les pays européens. Alors que l’arabe, c’est la science, l’algèbre, la paix ! On ne mute pas, il faut leur rappeler qui nous sommes et d’où nous venons !», s’exclame-t-il. L’on comprend vite en écoutant ses chansons que Monsif n’est pas un raga qui chante n’importe quoi. Il en veut, et c’est une excellente chose qu’il ait pensé à commencer la promotion de son nouvel album dans son pays. Après tout, c’est au Maroc que les premières ondes reggae l’ont percé.

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