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Ce qui se passe au nord du Royaume est une révolution. Il y a dix ans, personne n’imaginait que cette région allait changer en si peu de temps. De Tanger à Oujda, la mutation est impressionnante. Ces provinces, qui étaient soumises aux règles de l’informel dans tous les domaines, ont enfin pu accéder à la normalité. Il y a dix ans, le Nord avait la particularité de vivre presque pleinement sous l’emprise de l’informel : une économie archaïque, une grave carence en matière d’infrastructures, et surtout une absence de vision politique. Délaissée par le pouvoir central, cette région était sous l’emprise d’une élite locale composée dans sa majorité de personnes ayant fait fortune dans «l’informel» et qui avaient étendu leur pouvoir à tous les secteurs, de la gestion communale au football local en passant par la petite industrie et un pseudo tourisme qui servaient à blanchir l’argent d’autres activités. Ces gens n’avaient pas intérêt à ce que cette situation change. Aujourd’hui, on voit comment les changements au niveau des infrastructures ont pu déclencher tout un processus de mutation de la composition sociale, politique et économique de la région. La construction du complexe portuaire géant Tanger-Med, par exemple, a changé le destin économique de la ville. Mais, elle a eu aussi un grand impact sur son paysage politique. L’ancienne élite politique composée notamment de quelques notables dépassés et de quelques islamistes au discours populiste obsolète ont dû se replier face à l’arrivée d’une nouvelle élite jeune et plus en phase avec le nouveau contexte socio-économique. Dans l’Oriental, on voit comment la volonté politique et le courage économique rejoignent la créativité pour donner à cette région un projet grandiose comme la station de Saïdia. Sans oublier le mégaprojet touristique qui vient d’être lancé à Nador et qui changera complètement la donne touristique dans la Méditerranée. Une véritable révolution.