Editorial

La preuve par Abdelkader

© D.R

Un des premiers acquis des élections législatives du 27 septembre 2002, c’est Abdelkader Motaâ. Vous ne le connaissez pas ? Ce n’est pas grave. C’est le comédien qui porte par son talent exceptionnel et sa personnalité éminemment attachante la campagne civique de communication du ministère de l’Intérieur.
Au jour d’aujourd’hui, cette campagne est une réussite indéniable. Elle est claire, limpide. Elle est informative, agréable et a un niveau de langue singulièrement juste. Rarement une campagne institutionnelle a eu une efficacité aussi remarquable.
Il est vrai que quand on a la critique facile, la mauvaise foi chevillée au corps, la moquerie congénitale et la raillerie infuse, on a du mal à dire du bien de quelque chose qui le mérite vraiment. C’est un trait de caractère national. Mais pour justifier même a contrario cet atavisme, on peut dire que par la force des choses et compte tenu du désert sublime qu’est le champ artistique marocain, Abdelkader Motaâ est un comédien usé par la pub. Il a tout vendu avec sa voix si prégnante : des maisons, du café, des savons, des sodas, des centres commerciaux, le Maroc, la sécurité routière, et j’en passe, et des meilleurs. Il a strictement tout fait. Mais jamais avec une barbe rasée de près et une queue-de-cheval savamment sectionnée, il n’a été aussi prêt des consommateurs destinataires de sa publicité, aussi institutionnelle qu’elle est. C’est la maturation d’un talent conjuguée à une personnalité authentique qui restitue très justement une marocanité presque épurée. Dans ce qu’elle a de bon et de mauvais. De sain et de pervers. De cupide et de généreux : parler aussi simplement d’honnêteté et de transparence de scrutin à un citoyen qui a l’habitude de vendre sa voix, c’est très fort. Lui livrer en une minute un bon concentré de droit constitutionnel en arabe dialectal, il fallait le faire également.
Mais il reste qu’en écoutant Abdelkader Motaâ, on a envie d’acheter une maison, de déguster un café, de boire du soda, d’acheter un savon, d’aller dans un centre commercial et aussi d’aller voter. Tout se bouscule. La mémoire vous restitue tout. C’est une carrière qui passe en mémoire flash. Tout y est.
Maintenant, est-ce que cette campagne aura un impact réel sur le taux de participation aux élections ? Est-ce qu’elle aidera à l’amélioration de nos moeurs électorales ? Quelle efficacité économique et sociale aura eu son budget ? Tout cela est possible, mais pour aller jusqu’au bout de cette démarche qui se veut novatrice, il faut mesurer scientifiquement cet impact par une batterie de sondages appropriés. Et surtout les rendre publics. La boucle sera ainsi bouclée.

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