Editorial

Les postiers de la guerre

© D.R

Huit pays européens se désolidarisent de la position française et allemande contre la guerre américaine en Irak. C’est par une lettre publiée par certains médias en Amérique et en Europe que ces Européens marquent leur différence continentale et tentent d’isoler diplomatiquement l’axe franco-allemand.
Incontestablement le moteur de cette initiative anti – « vieille Europe » se trouve aux Etats-Unis. Il est de plus en plus patent que cette idée a été soufflée à l’Espagnol José Maria Aznar pour son exécution.
Celui-ci a été immédiatement pris en charge par l’anglais Tony Blair. Ils ont ensuite enrôlé Sylvio Berlusconi pour l’Italie. Le Portugal, la Hongrie, le Danemark, la Pologne et la République tchèque ont suivi. Personne n’a rien demandé aux Grecs, ils s’en inquiètent. Les Hollandais, quant à eux, n’ont pas voulu se joindre à cette mobilisation épistolaire, ils préfèrent jouer aux télégraphistes de la paix. En fait que veulent ces postiers de la guerre ? Ils ne veulent rien, sauf la guerre elle-même.
Ce qui est sûr, c’est que personne ne croit plus, faute de preuves tangibles, à leurs balivernes sur la détention par l’Irak d’armes de destruction massive. Il doit certainement en exister mais, certainement, du côté d’Israël ou de la Corée du Nord. Mais manifestement ces destinations ne les intéressent pas, elles ne sont pas encore suffisamment exotiques.
En attendant, les auteurs de cette missive guerrière viennent de porter un coup très dur aux tentatives de l’Europe de mettre sur pied une diplomatie indépendante qui fasse entendre sa spécificité utile sur les grands dossiers mondiaux. L’alignement pro américain est si impeccable qu’il en devient ridicule, voire risible dans la patrie de l’Euro. Bush détruit déjà, symboliquement, l’idéal européen avant de démolir matériellement l’Irak.
Quant à Saddam, qui n’a plus rien à perdre, à l’heure qu’il est, il doit se marrer. Poutine se couche pour maintenir ses parts de marché pétrolier. Les huit postiers européens cirent les pompes de Bush. Les Turcs et les pays du golfe se noient dans des intrigues orientales aussi inutiles que dérisoires pour pousser le président irakien à l’exil. On le voit bien, le tableau n’est pas triste alors que le compte à rebours a commencé. Le peuple irakien a un rendez-vous inéluctable, impitoyable et cruel, avec la guerre et son cortège de destructions, de drames et de larmes.
Douze ans d’embargo qui ont saigné à blanc un peuple et un massacre de folie, grandeur nature, pour achever le travail. C’est vraiment rassurant, l’humanité, selon Bush, a un grand avenir devant elle.

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