Editorial

Lettre d’admonestation

La lettre envoyée par Abdelhak El Mrini, Directeur du Protocole et de la Chancellerie au ministère de la Maison royale, à nos confrères de «L’Autre Journal» à propos d’une série d’articles publiés sur la vie privée de SAR Lalla Salma et de sa famille est une première. À ce titre, cette première m’interpelle au plus haut niveau.
Sur l’affaire elle-même, je n’ai rien à dire de plus que ce que vous pouvez lire dans cette édition de ALM. Mais, en marge de cette affaire, je profite du fait qu’Abdelhak El Mrini ait, courageusement et vaillamment, pris langue avec nous, c’est-à-dire avec la presse, pour – l’occasion étant rare – papoter un peu avec lui.
D’abord, commençons par saluer la promptitude de sa réaction. Sur la forme, elle est exemplaire, moderne et interactive. On est obligé de déduire, de ce fait, que ce ministère existe, car il écrit, s’exprime, prend des positions et rappelle des fondamentaux. Rien à ajouter à cela.
Ensuite, un ministère qui proteste, cela peut arriver dans la vie d’un pays démocratique, est un ministère qui communique. Or, c’est sur ce dernier point que Si Abdelhak El Mrini peut être pris en défaut. Il ne communique jamais. Une lettre d’admonestation à un confrère un peu zélé ne peut pas être considérée comme une stratégie de communication. On ne peut pas, non plus, bâtir une relation avec la presse qui soit, à la fois, durable, professionnelle et soucieuse de l’intérêt général, uniquement sur la base de réprimandes, de mises en garde ou de rappels de lignes rouges.
Nous sommes forcés de constater que le Palais Royal – et en particulier le ministère de Si Abdelhak El Mrini – n’est ni organisé pour communiquer, ni outillé pour, ni même disposé à le faire. Même si notre confrère, coupable de légèreté, voulait faire un reportage autorisé –et cela existe – à qui aurait-il fallu qu’il s’adresse ? A personne.
Sur un sujet encore plus important, à savoir les voyages royaux, comment Abdelhak El Mrini, qui souhaite aujourd’hui communiquer sincèrement, peut-il expliquer l’exclusion systématique –désormais injustifiée – de la presse nationale, alors que lui-même connaît parfaitement l’importance des délégations de journalistes accompagnant les chefs d’État en visite officielle au Maroc. Nous ne sommes ni plus, ni moins bien éduqués, formés, professionnels, goinfres ou «vendus» que nos confrères égyptiens, espagnols, français ou américains. Vraiment.
Pour être plus précis encore, comment Si Abdelhak El Mrini, s’il avait un souci authentique et professionnel de communication, a-t-il pu passer sous silence -sans justification aucune – le couac retentissant concernant la vraie-fausse annonce d’un discours royal pour le 4 avril ? L’argument de la défaillance de la MAP n’étant pas recevable, a-t-il donné des explications plausibles ? S’est-il fendu d’un communiqué sérieux ? A-t-il considéré un tant soit peu la presse ou l’opinion publique? Non. Alors. Vous voyez bien , Monsieur le Chancelier, que, pour véritablement structurer vos rapports avec la presse, il vous faut organiser, au moins, une grosse journée d’étude ou -au mieux – un séminaire approfondi sur la question.
La modernisation et la démocratisation de notre pays et de notre société, dont SM le Roi est, aujourd’hui, l’inlassable militant concerne aussi les rouages et le fonctionnement du Palais royal en tant qu’«administration» dont votre ministère est la cheville ouvrière. Vous êtes autant concerné que nous tous par la mise à niveau à laquelle notre pays aspire. On se modernisera un jour, certainement, si –et seulement si – on est capable de le faire ensemble.

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