Editorial

Un homme et une femme

© D.R

L’une et l’autre sont sympathiques. Vraiment. L’une est d’une extraction nationaliste indiscutable avec un parcours que ne renierait aucun de ses ancêtres. Une famille dans le temps. Une naissance à temps. Une enfance à temps. Une scolarité à temps. Des études universitaires dans le temps. Un engagement politique juste à temps. Une carrière qui épouse son temps. Et finalement une candidature à temps.
L’autre, c’est la même chose. Un parcours militant solide que ne renierait aucun homme de progrès véritable. Une formation dans le temps. Des responsabilités militantes parfois à contre-temps. Un engagement social parfois contre le temps. Ensuite, des choix à temps. Un discours qui ne renie pas son temps. Et un courage politique discret qui installe une notoriété en un rien de temps. Et finalement une candidature en deux temps trois mouvements.
Il y a des circonscriptions dans lesquelles les électeurs sont comblés. Celle qui nous concerne est manifestement la vitrine des prochaines élections. Par son aura, ses candidats et leurs qualités. Que veut le peuple ? Il a l’une et l’autre. Les 90 autres circonscriptibles du pays ne peuvent pas en dire autant. Avoir la chance, le plaisir et l’avantage d’arbitrer entre Yasmina Baddou et Khalid Alioua dans la circonscription de Casablanca-Anfa, ce n’est pas plus un fastidieux acte électoral que la plupart de nos concitoyens accomplissent à reculons. C’est presque du shopping civique sur les Champs-Elysées. Ou mieux, des courses chez Fauchon. On est loin du supermarché électoral habituel où un transfuge fustigé dispute les suffrages d’un ripoux recyclé contre un apparatchik cacochyme et un diplômé-chômeur d’Azerbaïdjan soutenu par le dealer du quartier. Non, ici, c’est la démocratie 5 étoiles, avec des candidats 5 étoiles pour des électeurs 5 étoiles. Casa-Anfa, ce n’est pas Sebt Gzoula ou Tnine Chtouka.
Si avec Yasmina et khalid, avec leur entregent et leur intelligence sociale, les électeurs ne sortent pas de leur torpeur civique, il vaut mieux se contenter définitivement de la deuxième Chambre. Il faudrait arrêter de donner de la confiture à des cochons. Ceci étant, ceux qui connaissent bien la circonscription savent que ses électeurs ne sont pas des mufles. Ils savent distinguer entre un gâteau de chez Amoud et un biscuit Henry’s. Le tout est dans les ingrédients et dans la mesure.
Maintenant, pour être juste, si ni Yasmina , ni Khalid n’arrivent à épater sérieusement la galerie, il restera aux électeurs irrémédiablement indécrottables la possibilité de voter pour Abderrahim Lahjouji. Ce qui est un autre luxe raffiné. Mais cela ne sera jamais un vote de contestation ou de défiance. En général, quand on ne veut plus de Fauchon, on va chez Hédiard, toutes choses étant égales par ailleurs. On reste tout de même dans l’épicerie fine.
Vous voyez d’ici, vous, électeurs mal circonscrits, mal candidatés, mal suffragés, le plaisir intense qu’ont les votants de Casa-Anfa. Eux, ils ont le choix entre le caviar et le champagne et s’ils boudent, ils peuvent s’offrir la bisque de homard. Vous ne pouvez pas en dire autant avec votre menu électoral fait de lentilles à l’eau, de votre pain sec et de votre ratatouille à l’huile de peine. Si la loi le permettait, on aurait cloné génétiquement Yasmina et khalid pour mettre définitivement à niveau notre classe politique pour 2007. Une véritable démocratie eugénique contre les dérives monstrueuses actuelles.

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