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Le PJD turc mène le bal

Le Parti islamiste modéré de la Justice et du Développement (AK) a remporté 34,2 % des voix, lors des élections législatives de dimanche, obtenant ainsi la majorité absolue au Parlement.
L’AK dispose ainsi de 363 sièges sur 550, tandis que le Parti Social-Démocrate Républicain n’obtient que 178 sièges. Les neuf restants reviennent à des candidats indépendants.
Aucun des autres 16 partis en lice, y compris le Parti Démocrate de gauche du Premier ministre sortant Bulent Ecevit, n’a obtenu le minimum de 10 % des suffrages nécessaires pour être représenté au Parlement. La victoire de l’AK est un lourd tribut payé à la crise économique.
«L’explosion sociale a enflammé les urnes», écrit un journal turc à fort tirage qui parle de grand nettoyage en précisant que «les hommes politiques n’ont jamais connu une opération de liquidation aussi importante».
Le vote sanction de dimanche apparaît en effet comme une explosion de colère. Un «coup de torchon», comme se plaît à le décrire la presse turque. Le Premier ministre sortant n’a pas manqué de le relever en déclarant que la décision de provoquer un scrutin anticipé avait été «presque un suicide». «Nos alliés de coalition ont décidé de tenir des élections aujourd’hui plutôt qu’en avril 2004, c’était une grande erreur», a déclaré aux journalistes un Ecevit au visage fatigué. «J’ai constamment essayé de leur dire que c’est presque un suicide, mais comme vous le savez, je n’ai pas réussi à faire en sorte qu’ils écoutent». Le gouvernement Ecevit s’est effondré sous les effets conjugués des problèmes de santé du Premier ministre et des dissensions apparues au sein du cabinet sur les objectifs européens de la Turquie.
L’AK est donc le principal bénéficiaire de la déconfiture de l’establishment turc, dont les principales figures sont désormais considérées comme des cadavres politiques. Cette formation islamiste modérée ratisse large. Beaucoup de ses dirigeants n’ont jamais été islamistes et ont rejoint cette formation par dépit. Ils ont vite appris à manier la langue de bois. «Nous sommes conservateurs pour la famille, libéraux en économie et démocrates dans notre vision du monde», affirme un leader d’AK sur ses gardes.
D’ailleurs, le chef charismatique de l’AK Recep Tayyip Erdogan, ancien maire islamiste d’Istanbul a été écarté des élections en raison d’une condamnation, il y a trois ans, pour propos séditieux. Il ne pourra pas être Premier ministre, mais il reste le chef sans rival d’AK qui passe pour un parti islamiste soft qui affirme maintenir le cap de l’adhésion à l’Europe, du respect des accords passés avec le FMI, de la démocratie et de la laïcité.
Sa dimension populiste apparaît clairement dans les propos tenus durant les meetings: «Notre victoire sera le festin que vous attendez depuis longtemps, vous si pauvres dans une Turquie si riche» est le type de leitmotiv qui revient souvent dans les discours des dirigeants de ce parti. Et ça porte, pour preuve l’écrasante victoire d’AK.
IL faut relever que la conjoncture économique lui a largement facilité la tâche. En effet, une récession provoquée par une double crise financière s’est soldée par plus d’un million de nouveaux chômeurs, une chute de la Livre turque de 50 %, par rapport au Dollar, une hausse des taux d’intérêt et une inflation chronique. D’ailleurs l’AK a orienté sa campagne électorale sur deux thèmes, la corruption et la pauvreté.

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