Culture

Vishal Bharadwaj : «le drame est universel»


ALM : «Omkara» est votre deuxième adaptation des pièces de Shakespeare. Pourquoi cet intérêt envers les œuvres de ce dramaturge anglais ?
Vishal Bharadwaj : «Othello» est une magnifique tragédie. Ce qui est le plus intéressant dans cette pièce, c’est sa portée universelle. Le drame, en général, n’a pas de patrie. Il est l’apanage de tous les peuples et civilisations. En réalité, nous avons voulu moi et le scénariste  que je considère comme mon père spirituel, faire revivre le mythique Shakespeare 400 ans après sa mort. Faire une adaptation de ses pièces est la meilleure façon de célébrer le talent de ce dramaturge qui a eu l’art d’émouvoir des générations entières. C’est, en effet, la deuxième fois que je réalise un film adapté de ses pièces. J’ai auparavant réalisé « Maqbool » qui est une adaptation de la pièce Macbeth.

A quel point la culture anglo-saxonne a-t-elle influencé le cinéma indien ?
Le cinéma indien a ses propres spécificités. Il est le produit d’une tradition ancestrale qui peut rappeler le théâtre du vaudeville en Occident. Le peuple de l’Inde a la musique dans le sang. Pour exprimer toutes les émotions de la vie, il y avait une habitude en Inde, en l’occurrence celle du théâtre du village. Chants, danses, musique, toutes ces formes artistiques ont par la suite évolué jusqu’à donner au cinéma d’aujourd’hui sa véritable consistance.

Avant de vous intéresser au cinéma, vous étiez compositeur. Qu’est-ce qui explique votre choix ?
Cette envie de faire du cinéma a été motivée par une sorte de passion personnelle et aussi une ambition d’évoluer dans mon travail et dans ma carrière d’artiste. Je me suis rendu compte que continuer à faire de la musique uniquement ne m’aidera pas à atteindre les objectifs que je me suis fixés. Les musiciens en Inde travaillent exclusivement avec les réalisateurs, la musique est diffusée à travers le cinéma, car il représente dans notre pays, le média par excellence. Personnellement je ne voulais pas rester limité. C’est pour cette raison que j’ai décidé de me lancer dans la réalisation.

Le marché du disque profite-t-il de celui du film ?
La musique et le cinéma sont deux équations essentielles dans l’histoire du septième art indien. Comme je l’ai déjà mentionné, les musiciens en Inde vivent essentiellement de leur implication dans le cinéma. Nous pouvons dire que ces deux arts collaborent de façon très étroite et très équilibrée en Inde. Maintenant, le problème, c’est qu’à part le cinéma, il n’y a pas d’autres moyens pour faire évoluer une carrière de musicien. C’est un peu dommage et c’est, en quelque sorte, ce qui m’a poussé à me consacrer entièrement au cinéma tout en essayant de mettre en valeur la musique qui fait partie intégrante de mon être.

Dans votre film «Omkara», il y a une certaine approche des fondements de la religion. Jusqu’à quel point les différentes croyances en Inde ont-elles influencé le cinéma dans votre pays ?
L’Inde est un pays de diversité non seulement ethnique, mais aussi religieuse. Le pays est riche de 24 dialectes et de plusieurs religions : le boudhisme, le christianisme et l’Islam pour ne citer que ceux-ci. L’artiste est lui aussi systématiquement influencé par tous ces fondements de la culture indienne. Cela se répercute forcément sur sa démarche artistique. On remarque en effet une certaine pudeur dans le cinéma indien. Cela est dû en quelque sorte aux référentiels religieux que chacun vise à respecter à sa manière pour continuer à séduire les spectateurs en les respectant à leur tour.

Omkara : une adaptation d’Othello de Shakespeare
Le film « Omkara » de Vishal Bhradwaj est la première adaptation à Bollywood de la pièce Othello de Shakespeare. L’histoire est transposée dans le milieu rural de l’Inde actuelle. Ce film multi-stars de Vishal Bhardwaj est sorti le 28 juillet 2006 en Inde.Omkara (Ajay Devgan), chef de gang travaillant pour un parti politique dirigé par Bhaisaab (Naseeruddin Shah), a sous ses ordres Kesu Phirangi (Vivek Oberoi) et Lagda Tyagi (Saif Ali Khan).
Alors qu’Omkara accède à une position plus légitime dans le parti, il nomme Kesu pour lui succéder. Lagda, jaloux de ce choix, conçoit une conspiration diabolique pour se venger d’Omkara et de Kesu . De retour à leur village, Lagda va mettre son plan à exécution en incluant à leur insu Indu (Konkona Sen Sharma), sa propre femme, Dolly (Kareena Kapoor), femme d’Omkara et Billo (Bipasha Basu), la maîtresse de Kesu. Omkara est la seconde adaptation d’une pièce de Shakespeare par Vishal Bharadwaj après Maqbool, adaptation de Macbeth. Bien qu’Omkara soit une transposition d’Othello en Inde, Vishal Bharadwaj n’a pris que peu de liberté par rapport à l’intrigue de la pièce originale. Il a gardé la première scène de la pièce comme scène d’ouverture du film, lorsque Langda apprend à Rajju, sur le point de se marier avec Dolly, que sa future femme est déjà liée à Omkara. Il est important  de souligner que pendant le Festival de Cannes en 2006, la performance d’acteur de Saif Ali Khan a été particulièrement saluée par les critiques indiens lors de la sortie du film.

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