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L’Europe en conclave à Bruxelles

La diplomatie européenne s’est activée hier à Bruxelles, à l’occasion du Sommet extraordinaire sur l’Irak, pour trouver un semblant de cohérence, dans une atmosphère de profonde défiance qui augurait mal d’un rapprochement entre pro-américains et légalistes, attachés aux résolutions des Nations unies. Les chefs d’Etat et de gouvernement, tout en constatant leurs divergences, s’évertuaient à ne pas hypothéquer l’avenir à travers des prises de positions ou des réactions trop marquées.
Le Sommet de Bruxelles démarrait au lendemain d’une semaine très agitée, marquée notamment par les clivages au sein de l’OTAN: «Il y a un climat exécrable, une sorte de guerre froide entre Européens», s’inquiétait un diplomate qui ajoutait que «le mieux que l’on puisse attendre est que chacun parvienne à faire bonne figure au moins le temps de la photo de famille». Les pacifistes, mobilisés par la France, l’Allemagne et la Belgique, ont pris place au Sommet de Bruxelles en position de force, réconfortés par les rapports des chefs des inspecteurs en désarmement de l’ONU qui excluaient tout recours immédiat à la force contre l’Irak. Ils pouvaient se prévaloir aussi du très fort soutien des opinions publiques qui ont massivement manifesté samedi, à travers toute l’Europe, leur opposition à la guerre. En face, on trouve les inconditionnels de la politique américaine, comme l’Anglais Tony Blair, l’Espagnol Aznar ou l’Italien Berlusconi, dont certains commencent à accepter, à contre-coeur toutefois, que se poursuivent les inspections onusiennes.
L’heure apparaissait donc à l’apaisement, chacun abordant le Sommet dans «un esprit constructif», apparemment. N’empêche que les clivages au sein de l’Europe sont réels. Un terrain d’entente ne paraissant possible qu’à travers l’adoption d’une plate-forme minimale qui pourrait passer par une deuxième résolution fixant une date-butoir aux inspections. Mais, même la recherche de cette position commune minimaliste paraissait laborieuse. En gros, on est face à des pays qui ont apporté un soutien inconditionnel aux Etats-Unis à travers « la lettre des huit », en référence au nombre des signataires, qui furent suivis par dix pays de l’Europe de l’Est, en voie d’adhésion à l’Union européenne ou aspirant à y faire leur entrée.
«L’initiative de ces pays a été une initiative maladroite», a affirmé Dominique de Villepin, ministre français des Affaires étrangères qui a averti «Nous aurons une explication dans les prochains jours». Leur présence au Sommet de Bruxelles aurait pu faire basculer le rapport de force en faveur des pro-américains à un moment où la diplomatie européenne se cherche et essaie de surmonter ses contradictions. La présidence grecque a donc renoncé à les convier, malgré l’insistance de MM. Blair et Aznar. Elle a d’ailleurs prévenu que l’adoption d’une résolution commune aux Quinze ne serait pas aisée, même si tout le monde assure oeuvrer à réduire le fossé.
À l’OTAN par contre, après d’âpres négociations, on est arrivé à un accord sur la défense de la Turquie en cas de guerre en Irak. L’accord a été dégagé au sein du Comité des Plans de Défense, où ne siège pas la France depuis qu’elle a quitté le Commandement intégré de l’OTAN, en 1966. Il reste donc à construire l’Europe pour faire contre-poids à la puissance américaine. C’est du moins le voeu formulé par plusieurs dirigeants européens comme le président de l’UDF français, François Beyrou. «Dans l’intérêt de la France et des positions que nous défendons et de la vision française, il faut construire une Europe qui décide, délibère et s’exprime d’une seule voix», a-t-il dit à la veille du Sommet extraordinaire de Bruxelles consacré à l’Irak.
La position de la France sur l’Irak, a estimé M. François Bayrou, est «à la fois équilibrée et repose sur cette vision selon laquelle il faut à la surface de la planète un équilibre des puissances». «Nous n’avons pas construit ailleurs que dans les mots l’équilibre des puissances, ni en matière de défense ni en matière de recherche, nous l’avons construit en matière monétaire mais ça ne suffit pas», a-t-il ajouté. Il va jusqu’à dire : «Le chantier de l’Europe est totalement à reconstruire».

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