Culture

Charles Burnett, maître du cinéma noir américain tardivement reconnu

Quelques semaines après l’entrée en fonction du premier président de couleur des Etats-Unis Barack Obama, Charles Burnett est l’invité des 22e Rencontres de cinéma de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) jusqu’à dimanche. Quatre films du cinéaste, né dans le Mississipi (sud des Etats-Unis) en 1944 puis élevé dans le ghetto de Watts à Los Angeles, y sont projetés dont « Killer of sheep ». Ce premier opus, classé dans les trésors du cinéma américain par la librairie du Congrès, a dû attendre 30 ans avant d’être distribué commercialement! Tourné en 1977, en format 16 mm, avec des cadrages magnifiques, le film offre au spectateur une « tranche » de la vie de Stan, ouvrier noir employé dans un abattoir de Los Angeles, ses moments de découragement, ses relations avec sa femme, ses enfants, ses voisins. Le long-métrage se révèle tour à tour drôle, tendre et «empreint d’une poésie poignante», selon le programmateur des Rencontres de Manosque, cinéphile averti, Pascal Privet. «Ce film s’est fait en réaction contre Hollywood, confie M. Burnett dans un entretien à l’AFP. A l’époque, vous aviez le mouvement pour les droits civiques et les gens se battaient pour leur place dans l’histoire. La plupart de ceux d’entre nous (Afro-américains, ndlr) qui ont décidé de faire des films l’ont fait pour raconter notre réalité et contrer les images négatives qu’«Hollywood produisait» sur les Noirs, montrés comme gangsters, proxénètes, employés de maison ou clowns». Film de fin d’étude pour l’université de Los Angeles (UCLA), tourné en noir et blanc avec des acteurs non professionnels, Killer of sheep, «n’était pas censé sortir au cinéma». Montré dans la communauté noire, les églises, les universités puis en Europe, le film obtint en 1981 un prix de la critique à Berlin. En 2007, une copie restaurée fut finalement projetée et distribuée commercialement aux Etats-Unis. Une sortie précédée d’une longue et coûteuse quête, soutenue par Martin Scorcese et Steven Soderbergh, pour obtenir les droits des chansons du film. Entre temps, Charles Burnett a continué à filmer: My brother’s wedding (1983) tragi-comédie autour d’un jeune homme de Los Angeles dont la version récemment restaurée sera présentée en avant-première à Manosque samedi. To sleep with anger, histoire de famille sélectionné à la quinzaine des réalisateurs à Cannes (1990) ou le conte bluesy Warming by the devil’s fire (2003).

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