Chroniques

De toutes les couleurs : Gravure sur cuivre

© D.R

J’ai passé deux jours dans un atelier, perdu dans la campagne montagneuse de Marrakech où j’ai créé une gravure sur cuivre. L’atelier, plongé dans le calme absolu et propice à la créativité et au travail serein, appartient à l’artiste Moulay Youssef Elkahfai, un personnage très patient et passionné, que j’apprécie beaucoup et qui a eu la délicatesse de me prêter ses outils, ses locaux ainsi que de précieux conseils pour réussir ma gravure. Bien sûr on aurait pu y pratiquer la gravure sur d’autres métaux, la sérigraphie, la lithographie ou la peinture.La gravure s’est développée au 15e siècle en Europe, en même temps que le papier. Les orfèvres sauvegardaient  leurs gravures d’ornement des bijoux sur papier avant que des artistes n’utilisent la gravure comme moyen d’expression artistique.
On confond souvent gravure  avec estampe: la gravure étant la plaque elle-même et les estampes, les résultats sur papier. Par abus de langage, on appelle aussi gravures, certaines techniques où la plaque n’est pas gravée, comme le monotype par exemple.
Il faudrait beaucoup d’espace pour détailler toutes les techniques, alors je vais me contenter d’une petite description rapide pour ceux qui n’ont pas encore eu la chance d’explorer ce fabuleux moyen d’expression.
En fait, le principe est très simple : vous couvrez partiellement la plaque de cuivre par un vernis protecteur et vous la plongez dans de l’acide, aussi appelé eau-forte (chlorure de fer) Les parties non couvertes seront attaquées par l’acide et donc creusées ou gravées. Pour commencer, on dégraisse la plaque pour permettre au vernis protecteur de bien y adhérer. Puis grâce à une pointe, on découvre certaines parties de la plaque (on dessine) avant de la plonger dans l’acide. Plus on laisse la plaque plongée, plus l’attaque sera profonde et plus le dessin sera foncé à cet endroit. Pour créer des zones grises, on peut utiliser des grains d’asphalte ou de la colophane qui collent à la plaque en la chauffant légèrement. Ces grains résistent à l’acide et permettent donc de donner une surface grisâtre grâce aux effets alternés des petites zones creusées par l’acide et celles protégées par les grains.
On peut plonger la plaque dans l’acide plusieurs fois selon la complexité (divers degrés de gris et d’effets) du dessin qu’on veut imprimer. On prend soin de recouvrir les zones qui sont «assez» creusées par l’acide pour les empêcher de se creuser davantage. Une fois le travail de gravure terminé, la plaque est nettoyée à l’essence de térébenthine et donc prête à l’utilisation. On applique alors une encre grasse de la couleur désirée sur la plaque puis on l’essuie avec de la tarlatane, un tissu spécial qui nettoie la plaque en permettant à l’encre de rester dans les parties creuses.
Pour l’impression, on met la plaque encrée sur la presse, on la couvre d’un papier humide de qualité spéciale et on presse l’ensemble. Le résultat est une épreuve latéralement inversée que l’on peut ensuite éventuellement colorer.

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