Chroniques

L’autre jour : Installator

L’un des nouveaux métiers qui font fureur chez nous depuis quelques années et qui touchent indifféremment grandes agglomérations, petites localités et même nos quartiers les plus populaires et les plus mal-famés est celui d’installateur de parabole. L’activité est de plus en plus florissante et constitue, en fait, l’aléa qui conditionne le plus votre accès ou non à la société du tout-images dont jouissent déjà des millions de vos compatriotes. Vous ne pouvez plus demeurer en reste, vous décidez de franchir le pas. Vous vous faites conseiller par des initiés qui vont vous expliquer que la fourchette du budget variera pour vous, approximativement, du simple au double, selon l’état de votre budget et les options que vous voudriez adjoindre à la plate-forme minimale de matériel. Celle-ci, justement, comprend le poste de télévision que vous avez déjà, le récepteur numérique, la parabole, une ou deux cartes à puce piratées correspondant aux principaux bouquets de télévision numérique, le moteur de changement d’orientation de la tête de réception, si vous voulez imiter vos personnages de cinéma favoris et changer de chaînes et de programmes sans bouger du «fond» de votre banquette, le verre de spiritueux ou le sachet de ships est en option. Une fois tout ce trousseau rassemblé, à moins que vous ne soyez vous-même très versé en la matière et c’est plutôt rare, vous ne pouvez pas échapper aux services de l’installateur de parabole. Celui-ci est généralement jeune et peut avoir l’un des deux profils suivants : ou bien c’est un ancien électricien, plombier, serrurier, qui a déjà une expérience dans les bricolages de tous genres et surtout qui a affiné l’argumentaire qui consiste à convaincre et à faire patienter la ménagère, le petit fonctionnaire pingre, l’immigré en vacances au pays, et plutôt dépensier, le souteneur qui veut gâter sa dulcinée, et qui fait office de pigeon idéal. Bref, son concours se décline généralement en plusieurs séances et finit par quelques prises de bec et un climat lourd. Ou bien, c’est un ancien diplômé chômeur recyclé dans le commerce du téléphone portable et des paraboles par un grand frère ou un cousin éloigné et qui est très susceptible, très timide et sensible. Il sait lire une documentation et il veut ajuster vos réglages sur les chaînes qu’il pense que vous affectionnez. Alors, il procède, les yeux baissés, à une enquête sociologique et psychologique pointue sur vous et votre entourage afin de vous pré-sélectionner les canaux où vous trouverez votre bonheur. Dans cette phase très délicate et où tout se fait au feeling, il y a parfois des erreurs de concordance entre l’offre et la demande qui amènent, ultérieurement, l’usager à faire des interventions intempestives sur le matériel et qui nécessitent, dans les cas de dommages graves, de nouvelles interventions des gens de l’art. Un cercle vicieux.

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