Culture

Abd Al Malik : «C’est le jour et la nuit entre ce que j’étais et ce que je suis devenu»

© D.R



ALM : Vous avez dernièrement animé un concert caritatif au Maroc. Que représente pour vous un tel engagement ?
Abd Al Malik : C’était un concert au profit des enfants atteints de maladies du cœur. Pour moi, une jeunesse vigoureuse veut dire une société vigoureuse. C’est très important pour moi de participer à ce genre d’actions et d’aider humblement. J’en suis honoré.

Vous venez souvent au Maroc. Etes-vous fasciné par ce pays ?
Ma relation avec le Maroc est forte notamment parce que mon maître spirituel Sidi Hamza est ici. Donc, je viens très souvent lui rendre visite. Et du coup, cela m’a fait véritablement aimer ce pays. Aussi mon épouse est d’origine marocaine. Donc, c’est vrai que j’ai de fortes attaches avec le Maroc.

Vous faisiez du rap et actuellement, on assimile votre style au slam. Avez-vous véritablement viré vers le slam ? 
En réalité, je n’ai pas le sentiment d’avoir viré ou changé mon style. Mais mon envie  est de renouveler l’esthétique du rap. C’est-à-dire de montrer qu’il y a une autre manière de faire le rap autant dans la forme que dans le fond. Après, c’est vrai que j’ai une forte influence littéraire dans mes écris et c’est ce qui rapproche mon style  du slam. Mais en fait, ce que je fais n’est pas du slam mais du rap à ma manière. Et je pense que lorsqu’on est dans un courant artistique et notamment le rap, le challenge c’est la capacité à renouveler cette esthétique. Et c’est là juste ma démarche.

De quoi vous vous inspirez pour vos textes ?
Je m’inspire de la vie de tous les jours, de tout ce que je peux vivre au quotidien, de la spiritualité, des difficultés qu’il y a dans le monde et en France en particulier. Je m’inspire de la vie en fait.

Et artistiquement le soufisme vous apporte-t-il quelque chose ?
Le soufisme ne m’apporte pas quelque chose qu’au point de vue artistique seulement mais au niveau de ma vie en général.
Puisque vraiment, le fait d’être connecté à la spiritualité me permet d’être plus à l’écoute des gens et des êtres. Mon engagement spirituel nourrit toutes les facettes de ma vie, même mon rapport à l’environnement.

Comment arrivez-vous à allier entre vos pratiques religieuses et spirituelles et votre musique ? Et trouvez-vous du temps pour tout cela ?
Ce qui m’intéresse, c’est d’être  épanoui. Evidemment, que je suis musulman :
J’accomplis mes pratiques, ma prière, mon dikr, mon jeûne… Et puis je vis mon art.
A un moment donné, je ne me pose pas de questions à ce niveau.
Je me dis est-ce que je suis épanoui en tant qu’être ? Est-ce que je suis un bon musulman? Est-ce que je suis quelqu’un qui donne une bonne image de l’Islam qui est une religion de paix, de lumière et d’amour ? Et je vis ainsi ma vie en cohérence avec les valeurs de l’Islam. Et puis il faut toujours trouver du temps pour « Rabbi » (Dieu). C’est bien beau de faire de la musique et tout cela, mais on va mourir à la fin. Et il y aura juste ce qu’on aura fait de notre vie. Donc, on trouve toujours du temps pour Dieu.

Vous étiez d’abord Chrétien, puis vous avez connu l’Islam fondamentaliste avant de découvrir le soufisme. Vous êtes-vous finalement retrouvé ?
Totalement ! Mais en réalité le Tassawuf est le cœur de l’Islam. J’ai le sentiment d’être devenu musulman véritablement quand je suis entré dans la Tariqa Kadiria Boutchichia. C’est cela qui a totalement bouleversé ma vie. Parce que j’ai compris véritablement ce qu’était l’Islam et la figure du Prophète Mohammed (prière et salut sur Lui). C’est le jour et la nuit entre ce que j’étais avant et ce que je suis aujourd’hui.

Il y a certaines personnes en France qui vous reprochent d’être un rappeur consensuel.  Qu’en dites-vous ?
Mais oui, je suis un artiste consensuel, c’est- à-dire que je suis quelqu’un de positif, et je l’assume pleinement.
Je prône des valeurs de bien, de respect… Et c’est vrai qu’il y a quelques personnes qui se gaussent de  cela et qui prônent d’autres valeurs que les miennes, le matérialisme et le négativisme…

Est-ce que vous sentez un décalage entre ce que vous faites et le milieu du «showbiz» dans  lequel vous progressez ?
Je suis dans cet environnement spécial que l’on appelle le show-business. Donc, il y a beaucoup de gens qui ont d’autres principes. Mais encore une fois, si l’on veut parler de respect, de patience…, il faut que l’on ait en face des gens qui ne nous poussent pas nécessairement à ces valeurs. C’est comme ça que l’on avance. C’est avec les gens, avec des gens différents.
 
Quelle est votre passion en dehors de la musique ?
J’aime beaucoup la littérature. Je lis énormément. J’aime échanger avec les gens et faire partager les valeurs de l’Islam.

Quels sont vos projets ?
Au début mars, j’entame une grande tournée internationale où l’on va se produire en plus de la France, dans plusieurs pays francophones notamment la Belgique, le Canada, la Suisse, le Luxembourg. On visitera également les USA, le Japon, et les pays de l’Europe de l’Est. n

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