Culture

Achoura, entre tradition et ambiance festive

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Très attendue par les petits et les grands et associée depuis des siècles à l’enfance et au partage, Achoura est la fête des enfants et de toute la famille marocaine. Elle sera célébrée comme chaque année le dixième jour de Mouharram qui coïncidera avec le dimanche 27 décembre. L’achat des jouets et des fruits secs est l’activité maitresse qui régule cette fête si particulière. Le marché Derb Soultan ou de Derb Omar à Casablanca où l’on trouve des grandes quantités de différents jouets tels que les Taârija et les Bandir qui sont des tam-tam marocains traditionnels, ou encore les pétards, les poupées, les pistolets, les peluches bref, de quoi faire le bonheur de nos petits bambins. Les vendeurs ambulants étalent leurs marchandises le long des ruelles ainsi que dans l’ensemble des quartiers populaires de la capitale économique. «La fête de Achoura constitue pour nous les vendeurs une bonne occasion d’écouler nos produits, qui perdent beaucoup de leur attrait le reste de l’année. Les prix des jouets  sont à la portée de toutes les bourses».
Les rythmes des «taârija» et des «bandir»  ainsi que les chants des petites fillettes envahissent tous les coins de rues depuis la première semaine du mois de Mouharram. Elles sont généralement âgées de 10 à 13 ans et se pavanent chacune avec son petit tam-tam. «Chaque année, je dois absolument acheter à ma petite fille une «taârija» afin qu’elle puisse jouer avec ses copines dans le quartier. On est habitué à célébrer chaque année cette tradition», a indiqué Khadija, maman de Asmaa, rencontrée au quartier Sidi Maârouf de Casablanca. «Achoura est une occasion pour moi de jouer avec mes copines et mes cousines, on achète de grandes poupées et de petites cuisines pour jouer à la ménagère, on se réunit dans un coin de rue et on essaye de maquiller les poupées qu’on achetées», a confié la petite Asmaa. Pour les petits garçons c’est un autre topo, eux préfèrent les pistolets les voitures et les jeux vidéo. Mais, leur principale activité et d’ailleurs celle qui les motive le plus, reste ce qu’ils appellent la «Chouâlla». En effet, le soir venu les garçons d’un même quartier sortent pour allumer à même la chaussée, une sorte de feu de camp. Ils tournent autour des flammes et allument leurs petits pétards. «J’achète une grande quantité de pétards et avec mes amis on explose le jour d’Achoura», raconte Youssef, un jeune Casablancais de 15 ans. Cette pratique, plutôt néfaste pour l’environnement et la santé des enfants qui y jouent, a tendance à disparaître et à se faire rare, mais toutefois les quartiers populaires  perpétuent la tradition. Et chaque année, on enregistre des cas d’enfants hospitalisés en raison d’une mauvaise manipulation des explosifs. Le gouvernement a certes interdit la vente des pétards, mais quelques marchands continuent de les vendre au marché noir. Aussi, une autre pratique qui se fait rare, c’est celle de «Zem Zem».  Les enfants déambulent dans les rues le lendemain de la fête et ils se permettent arroser librement les passants dans la rue. Les blâmes sont assez rares vu que tout le monde connaît la règle en ce jour.
Aux côtés des jouets, c’est la vente de fruits secs qui bat son plein en cette période de l’année. Les familles marocaines achètent des grandes quantités d’amandes, de noix, de dattes, de raisins secs, de figues sèches et de cacahuètes, pour les offrir à leurs proches, dans de grandes réunions familiales. «Chaque année, je viens dans ce marché pour acheter les meilleurs fruits secs de la ville. Cela est devenu une tradition pour nous. Chaque fois qu’une fête traditionnelle se profile à l’horizon, nous partons au marché et nous achetons les fruits secs», déclare Ali, père de famille, au marché de Derb Omar à Casablanca. Aussi, la fête d’Achoura a une autre connotation chez les femmes marocaines. Elles préparent le couscous avec «kedid», la «diala» ou encore «lemejebna». Tout autant de plats typiquement marocains. Pour le «Kedid», il s’agit d’ un plat de viande séchée après avoir été agrémenté d’épices et conservé depuis llm’Aïd El Kébir. «C’est une tradition qu’on a hérité de nos parents», confie Souad, femme au foyer. Et d’ajouter : «La femme qui n’a pas réussi à avoir des enfants, collecte des «kedid» auprès de ses voisines et amies et prépare un plat avec la petite collecte appelé «kadida» et invite les généreuses donneuses à le partager. C’est une croyance qui trouve source dans les vieilles légendes urbaines». Outre les repas spéciaux, les fêtes de rues et les «chouala», cette manifestation revêt une signification spirituelle et sociale indéniable. Elle est par excellence une occasion de partage, de charité et de retrouvailles familiales.

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