Culture

Hounaida Guedira fait son cinéma

© D.R

ALM : Le cinéma d’animation est un secteur encore balbutiant au Maroc. Pourquoi à votre avis ? Est-ce tout simplement une question de moyens ?
Hounaida Guedira : L’animation est une industrie très spécifique. Elle requiert des moyens artistiques, matériels et humains très importants. Les logiciels qui sont requis coûtent très chers, car ils sont importés de l’étranger. Il faut donc payer aussi les frais de douane. A titre d’exemple, notre agence vient d’importer le logiciel « Toonz » spécialisé en animation qui vient d’Italie. Dans tout le monde arabe, seuls deux agences possèdent ce logiciel. C’est toute une plate-forme d’animation qui coûte 350.000 DH. C’est la même qui est utilisée chez Walt Disney. Dans notre agence, on travaille avec ce logiciel et nous avons également la station de montage à vide, la même station est utilisée dans les chaînes de télévision. C’est un montage numérisé.
Pour revenir à la question, le secteur du cinéma d’animation au Maroc est en-core en effet babutiant. Nous n’avons pas encore des gens spécialistes dans l’animation. Nous possédons des dessinateurs certes, mais pas des animateurs. C’est un domaine très pointu et qui nécessite une formation précise aux nouvelles technologies. Il faut donc former des animateurs. Le problème c’est qu’au Maroc nous n’avons pas des personnes qui font des formations en dessins animées.

Vous parlez de l’absence du volet de l’animation dans le cursus des écoles d’art au Maroc ?
Oui entre autres. Nous n’avons pas d’écoles qui incluent le cinéma d’animation dans leur programme. On est loin d’avoir des écoles purement spécialisées en cinéma d’animation. C’est pour cette raison, que toute l’équipe de notre agence est constituée de lauréats des écoles de Beaux-arts que ce soit de Casablanca ou de Tétouan. Nous sommes obligés d’amener régulièrement des formateurs d’ailleurs qui viennent former notre équipe. Le problème, c’est qu’au sein de l’agence on ne peut pas tout faire. On ne peut pas et former les animateurs et produire, c’est très difficile.

Que faudrait il donc faire pour booster ce secteur et lui donner un élan qui lui permettra de décoller ?
Tout d’abord, pour booster ce secteur, il faut reconnaître la spécificité du film d’animation. La remarque générale, c’est qu’on ne donne pas au cinéma d’animation son importance. On est pas encore conscient du message qu’on peut passer grâce au cinéma d’animation. Son impact est vraiment très important puisque le cinéma d’animation ext un cinéma de proximité.  Il faudrait donc reconnaître cette industrie. Mais malheureusement, nous avons au Maroc des difficultés de financement.

Quel pourrait-être le remède à votre avis à ces difficultés financières ?
Il faudra chercher des co-producteurs. C’est une des façons pour booster ce secteur. Aussi, il faudrait régler la question de la diffusion du dessin animé. Quand on distribue bien le produit, on diminue le prix de la production. C’est le cas des Japonais qui sont des as de l’animation. Ils font dans la quantité et distribuent très bien. La production leur coûte trois fois rien.  

Quel est le profil, selon vous, d’un bon cinéaste d’animation ?
Un bon animateur doit avoir beaucoup d’imagination. Il faudrait aussi qu’il soit créatif et passionné. Ceci sans parler de la maîtrise de la technique d’animation qui se fait image par image. C’est une technique qui se base sur le dessin d’abord. Ces mêmes dessins sont par la suite animés.

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