Culture

Le quinoa, plante sacrée des Incas, promu aliment de l’avenir

© D.R

Cultivé depuis des millénaires dans les Andes, le quinoa, plante sacrée des Incas, est devenu aujourd’hui la star de l’alimentation «bio» en Occident, vanté comme «l’aliment de l’avenir». «On n’est jamais malades, parce qu’on mange le quinoa que nous ont légué nos ancêtres». Agustin Flores, dont la famille cultive le quinoa depuis trois générations sur les hauts plateaux du sud bolivien, tient pour une évidence ce que les diététiciens découvrent ailleurs. Au bout de plusieurs heures de piste, dans des terres semi-arides à 3.700 m d’altitude, le village de Cotimbora est au cœur du «pays quinoa» de la Bolivie, premier producteur mondial avec 29.873 tonnes en 2009, soit 46% de l’offre devant le Pérou (42%) et les Etats-Unis (6%). Depuis 10-15 ans, le quinoa (Chenopodium quinoa) a conquis les marchés des pays riches: ses éléments nutritifs y séduisent chaque année davantage de consommateurs en quête d’une alimentation plus saine et d’innovation, l’accomodant en taboulé, risotto ou gratin. Haute teneur en protéines, fibres, équilibre d’acides gras et oméga 3, vitamines E, B2, potassium, fer : de la «prévention d’inflammations rhumatismales ou de l’hypertension», au «développement des neurones et du lait maternel» le chercheur Ruben Miranda, de l’Université d’Oruro, égrène pour l’AFP la liste des propriétés prêtées à la petite graine blonde de 2,5 mm. Pour les civilisations pré-colombiennes, le quinoa était déjà célébré en quechua comme «chisya mama» : la «mère de tous les graines» ou encore la «graine d’or», si révérée par les Incas que l’empereur lui-même semait la première graine de l’année avec des outils en or.  Mais les conquistadors, le méprisant, en avaient interdit la culture à un moment donné, forçant les Indiens à cultiver du blé à la place. «Sa valeur nutritive en fait l’aliment de demain», affirme Epifanio Murana, directeur de l’Association des producteurs de quinoa (Anapqui). «Les chercheurs de la NASA le considèrent exceptionnellement complet et équilibré, très utile pour les besoins des astronautes». «Quand on est fatigués, après une journée de travail, on prend une boisson à base de quinoa, c’est un bon remontant», explique Agustin, assurant que ses quatre fils et lui-même supporteraient moins bien leurs rudes conditions de vie sans la graine, consommée sous forme de soupes, galettes, boissons. Dans la région de Cotimbora-Challapata, nul ne nie les retombées du boom du quinoa, avec des prix à l’exportation qui ont quasiment triplé depuis 2007, à 2.900 dollars la tonne. «L’éducation est à présent mieux dotée, l’alimentation s’est améliorée. On vit mieux», explique Mario Alanoca, secrétaire général de l’Anapqui. «Mais le risque de sécheresse nous préoccupe». L’absence de pluies en novembre-décembre sur les hauts plateaux boliviens met en péril jusqu’à 45% de la récolte 2010/2011, attendue en avril-mai, selon les estimations de producteurs. «Ici, il devait y avoir une parcelle», montre Agustin devant un champ desséché. «Et là, une autre. Or il n’y a rien. C’est principalement à cause de la sécheresse. Nous avons perdu 50% de ce que nous avons planté cette année». Si le rendement à l’hectare sera décevant, les surfaces cultivées ont augmenté de façon «vertigineuse», selon une étude franco-bolivienne de l’Institut (français) de recherche pour le développement de La Paz. Pour l’IRD, la culture du quinoa s’est étendue «à des zones de plaine où les risques de gel sont accrus». Elle a, de plus, «accaparé des zones jusqu’alors dédiées au pâturage, augmenté la pression sur les ressources naturelles, et exacerbé des conflits liés à la terre».

  Par Jose Arturo Cardenas AFP

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