Culture

Un siècle de jazz au quai Branly

© D.R

«L’idée n’était pas de faire une exposition musicologique, on n’expose pas le saxophone de Lester Young ou le gardénia de Billie Holiday. L’ambition était plus générale», explique à l’AFP le philosophe et critique d’art Daniel Soutif, concepteur et commissaire de l’exposition. «Le siècle du jazz» a précédemment été présenté au Mart, le musée d’art moderne de Rovereto en Italie, où il a attiré près de 130.000 visiteurs. L’exposition est également coproduite par le Centre de culture contemporaine de Barcelone. Au quai Branly, elle occupe 2.000 m2 et présente un millier de références: partitions, affiches, disques, revues, mais aussi oeuvres de grands noms de la peinture ou de la photo. Parmi eux, Fernand Léger, Henri Matisse, Jean Dubuffet, Jackson Pollock, Antoni Tapies, Nicolas de Staël, Bernard Buffet, Jean-Michel Basquiat, Man Ray ou Jeff Wall.
L’exposition s’articule autour d’un parcours chronologique au long duquel sont présentés année par année les événements principaux du jazz et qui est ponctué par des documents sonores et audiovisuels. Au sein de cette épine dorsale se trouvent des salles thématiques («Harlem renaissance», «Le be bop», «La révolution free…») qui fonctionnent comme des «chapitres pour varier les points de vue sur les époques», selon M. Soutif. «Le but est que ce soit vivant, que ça raconte une histoire. On est plus proche du cinéma que de la thèse de doctorat», souligne-t-il. «Le jazz reste le phénomène le plus frappant du XXe siècle, qu’il a traversé dans son ensemble alors que le rock, par exemple, n’en a couvert que la moitié», estime-t-il en rappelant que le premier enregistrement de jazz, signé par l’Original Dixieland Jazz Band, date de 1917. «Un an plus tard, le jazz était déjà partout. Et le rapport à cette musique est particulier, ajoute-t-il. Elle a une signification sociale, puisqu’elle est emblématique de l’identité des communautés qui l’ont produite, dont la communauté noire».
Musique du métissage, le jazz a toute sa place au quai Branly, musée des civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. «C’est une musique profondément bâtarde, le résultat d’un brassage douloureux de civilisations, celle des noirs transportés d’Afrique de façon violente ou des immigrants juifs européens qui crevaient de faim», rappelle M. Soutif.
Parallèlement à l’exposition, l’auditorium Claude Lévi-Strauss accueille un cycle de sept concerts, «Africa Jazz, le jazz à la rencontre de ses origines africaines», à partir de vendredi et jusqu’au 28 mars. n
Il s’ouvrira vendredi, samedi et dimanche par trois spectacles qui réuniront le batteur américain Jack DeJohnette, le chanteur mauritanien Dimi Mint Abba et son ensemble ainsi que les musiciens français Rick Margitza et Jean-Jacques Quesada.
Il se poursuivra les 24 et 25 mars avec le quartet de cuivres français Le Tigre des Platanes et Eténèsh Wassié pour du swing éthiopien. Enfin, les soirées des 27 et 28 mars verront dialoguer le pianiste américain Randy Weston et un ensemble de gnawas marocains. Des rencontres et des conférences seront organisées autour de ces concerts.

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