Economie

Cadrage : controverse

C’est prendre la carpe pour le lapin que de croire que l’accord de pêche, signé en juillet 2005 entre le Maroc et l’Union européenne, arrange l’affaire des pêcheurs du Royaume. Avant même que l’encre de la signature n’ait séché, de nombreux opérateurs, y compris parmi ceux qui avaient cédé à la pesanteur et applaudi sans retenue un texte qu’ils n’ont pourtant jamais vu, ont découvert ce que pourtant tous savaient: contrairement aux Marocains, les pêcheurs communautaires ne sont pas soumis à un quota.  Interrogé, un ex-cadre du département de la Pêche maritime, rompu à la communication, se livre à un long exposé scientifico-financier, pour conclure finalement qu’imposer un quota reviendrait trop cher à l’Etat. Il faudrait, susurre-t-il, investir dans les moyens de contrôle, de pesage, de déroutage, de surveillance, de patrouille….si bien qu’à la fin, l’on se saborderait.
Dans les milieux de la profession, on crie déjà à la concurrence déloyale, voire au complot.  Les critiques sont focalisées surtout sur l’absence de certaines dispositions techniques. Pas de quota imposé aux Espagnols.
A tout le moins c’est ce que déclare un palangrier marocain, confronté à une équation dramatique : des coûts d’exploitation en hausse, des marins-pêcheurs arc-boutés à leurs avantages salariaux et l’obligation de respecter un plafond de prises.
Un tel déséquilibre entre la flotte communautaire et la flotte nationale peut-il être compensé par une manne financière modeste, censée aider à la mise à niveau du secteur, à la modernisation de la flotte et peut-être même à peindre les villages des pêcheurs ? Les amateurs de mystère rétorquent qu’il s’agit d’explications politiques, de question d’intérêt supérieur, et surtout de «stratégie ». Sachant le peu qui reste de ce dernier terme, usé et usité par la littérature des communiqués et des déclarations d’entreprise et d’association, l’on est en mesure de se demander si la stratégie dont on nous parle ne tiendrait-elle pas du serpent de mer.
 Mis à part certains des négociateurs de l’accord, satisfaits de leur mission et convaincus toujours que «l’on ne pouvait obtenir mieux ! », nombreux sont ceux qui se demandent ce que le Maroc gagne en ouvrant ses ressources déjà menacées à l’exploitation européenne.
Même la position de principe, selon laquelle tout débarquement doit être fait au Maroc, a été largement entourée de «si» pour qu’elle en perde de son efficacité. «Ont-ils réellement l’obligation de débarquer au Maroc ?», se demande un habitué des rouages du langage administratif. En tout cas, sans cette condition, l’on aurait du mal à créer de l’emploi au Maroc avec la flotte européenne. Vu que les différents responsables et chargés de mission s’affairent depuis quelques temps autour du projet d’assurance obligatoire pour les marins, ne serait-il pas judicieux de veiller à ce que d’ici mars 2006, il y ait des emplois en plus ?

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