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Les banques participatives réussissent le challenge

© D.R

Opérationnelles depuis près de deux ans

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Janvier 2017, le paysage financier marocain s’est doté d’un nouvel écosystème qui est venu enrichir l’offre marocaine en matière de financement et renforcer le positionnement du Maroc en tant que hub régional. En cette date, le comité des établissements de crédit, présidé par le wali de Bank Al-Maghrib et composé de deux représentants du ministère chargé des finances, dont la directrice de la Direction du Trésor et des finances extérieures, a octroyé l’agrément à 8 établissements bancaires pour le lancement de cinq banques et trois fenêtres participatives.

Une décision qui répond aux dispositifs de la loi n°103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés entrée en vigueur deux ans plus tôt. Le lancement de la finance participative au Maroc est l’aboutissement de longues années de réflexion. Les nouvelles entités sont opérationnelles depuis près d’une année mais dans l’absolu on peut noter deux ans d’existence de cette nouvelle industrie voire plus. La présence d’une finance participative dans la sphère financière marocaine a été longtemps considérée comme un booster de l’inclusion financière au niveau national. Une perception qui s’est confirmée compte tenu de la forte demande des citoyens marocains en quête d’un financement bancaire en ligne avec leurs convictions. Compte tenu de ce démarrage réussi et des échos positifs recueillis sur la place, Aujourd’hui Le Maroc a choisi d’honorer les hommes et femmes de la finance participative qui, en si peu de temps, ont fait preuve d’abnégation et de professionnalisme, en mettant en lumière leurs contributions à réussir le challenge de mettre en place un écosystème financier, certes nouveau, mais compétitif. 

Un événement a été dédié à la finance participative auquel Aujourd’hui Le Maroc a convié les représentants des premières banques opérationnelles. On notera la présence de Abdessamad Issami, président de Umnia Bank, filiale du groupe CIH, Fouad Harraz, directeur général d’Al Akhdar Bank, filiale de Crédit Agricole du Maroc, et Mohammed Maarouf, directeur général de BTI Bank, filiale de BMCE Bank of Africa. A ce panel de professionnels s’ajoutent des experts de la finance participative et secteurs associés. Les intervenants ont échangé autour des pratiques en vigueur, des attentes et perspectives. Tour d’horizon des principaux points débattus lors de cette rencontre.

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Un démarrage réussi

Au moment où les nouvelles banques de la place dressent leurs premiers bilans opérationnels, les chiffres collectés par la banque centrale parlent d’un encours de 2,4 milliards de dirhams distribués et environ 50.000 comptes ouverts. Cela dénote l’intérêt que portent les Marocains à ce genre de produits bancaires et par conséquent la réussite de cette industrie en seulement quelques mois de son lancement. Ce succès revient en premier à la vision éclairée de la banque centrale de lancer d’un seul coup 8 acteurs. «Ceci pourrait sembler aberrant au départ mais a permis de créer une compétitivité saine au profit du consommateur et du secteur mais surtout cela a permis de créer un secteur qui a une présence significative laquelle permettrait d’avoir un impact sur les décisions et visions stratégiques du pays», explique dans ce sens Mohammed Maarouf. Elles sont en effet 5 banques et 3 fenêtres à avoir pris le défi de lancer cette activité. Pour un lancement, les nouveaux acteurs ont commencé par la commercialisation de la Mourabaha qui a connu un grand engouement, notamment sous sa déclinaison immobilière.

Ce produit existe également pour le financement automobile et équipement et ce dans l’attente d’élargir la gamme de produits à de nouveaux instruments. Les professionnels du secteur s’accordent à dire que le Maroc est en train de construire sereinement et durablement ce secteur. «Nous sommes en train d’écrire les pages de cette finance au Maroc. Construire une nouvelle industrie ne se fait pas avec une seule main. Il fallait tout un écosystème à initier et embarqué avec nous pour relever ce défi», apprend-on dans ce sens de Abdessamad Issami.

La réussite du challenge de la banque participative revient également au fait que les nouvelles entités sont adossées à des banques mères dont l’expertise est averée. Des groupes bancaires à grande notoriété nationale et continentale. On cite à cet effet BMCE Bank of Africa, Attijariwafa bank, la Banque centrale populaire, CIH, Groupe Crédit Agricole du Maroc, ou encore la Société Générale, la BMCI et Crédit du Maroc auxquelles la banque centrale a autorisé l’ouverture de fenêtres participatives. Cet adossement a doté les banques participatives d’une parfaite maîtrise du marché et d’un savoir-faire en termes des métiers supports gestions de risques et logistiques.

Des produits bientôt homologués

Concrètement seule Mourabaha est actuellement commercialisée par les banques participatives. D’autres produits viendront compléter cette gamme. Si la clientèle est impatiente de voir ces produits lancés, les opérateurs voient cette progressivité comme étant une pratique saine évitant «l’indigestion de ces produits». Il a donc fallu lancer les produits les plus usités par le grand public, entre autres la Mourabaha immobilière pour verrouiller les rouages de cette industrie. Les pronostics tablent sur deux bonnes années pour que la finance participative se dote des produits représentatifs pour chaque segment. C’est à ce moment-là que les banques de la place, priorisant avec le Charia Board et la banque centrale la conception des contrats de place, pourront plancher sur l’innovation individuelle qui leur permettra de se distinguer sur ce marché compétitif.

En ce qui concerne les produits à venir, les professionnels s’attendent en premier lieur à l’homologation d’un produit qui permettra de libérer le potentiel de ces banques et avoir une offre beaucoup plus conséquente. On citera dans ce sens les contrats d’investissement qui permettront d’appuyer l’effort de la banque participative dans la collecte des ressources. Il s’agit des dépôts rémunérés « conformes » qui devraient donner un coup d’accélérateur à l’activité des banques participatives. «Nous ne disposons, à ce jour, que des dépôts à vue nécessaires à l’activité courante du client mais ce dernier a également besoin d’avoir des produits d’épargne», explique dans ce sens Fouad Harraz. «Wakala bil Istitmar» figure sur la liste des produits tant attendus par les acteurs pour soulager leur besoin en liquidité. Ce produit accordé par le Conseil supérieur des ouléma se veut un contrat qui permet à la banque conventionnelle de mettre à disposition de la banque participative un montant contre une rémunération qui est indexée sur le rendement de la banque participative. Les travaux sont également en cours pour définir les dipositions du produit «Ijara» qui répondra aux besoins des entreprises. Le document y afférent sera soumis les semaines à venir au CSO pour validation. Dans le pipe figurent également les produits participatifs tels que Moucharaka, Moudaraba et Istisnaa qui apporteront des solutions à la demande d’une clientèle spécifique, notamment les coopératives.

Takaful, une urgence cruciale

Ils sont tous unanimes sur ce point. Les professionnels de la finance participative attendent impatiemment l’entrée en vigueur de l’assurance Takaful dont l’impact sur les besoins de l’économie, des particuliers et des entreprises n’est plus à démontrer. L’instrument similaire à l’assurance conventionnelle tarde à prendre forme. Le gouverneur de Bank Al-Maghrib avait souligné en marge de la dernière réunion de son conseil d’administration que les choses se finalisent sans pour autant annoncer une date prévisionnelle de ce lancement. D’après les échos recueillis, le projet est en circulation chez les professionnels et sera incessamment présenté au Conseil de gouvernement.

Ce flou autour de la promulgation de Takaful peut être expliqué par le challenge que pose la spécificité technique de ce produit ainsi que des exigences charia qui l’accompagnent. Il est question, en effet, d’un nouveau business model complètement différent de l’assurance conventionnelle. Bien que Takaful soit une urgence cruciale, les acteurs du marché participatif n’ont pas attendu son lancement pour commercialiser leurs produits. Ils sont allés à la recherche d’une solution concertée avec les clients dans le respect des engagements de la banque participative vis-à-vis des déposants. En prévision du risque et en l’absence de Takaful, les opérateurs ont fait signer à leurs clients des engagements de souscription à ce produit une fois mis en place. Rappelons que l’une des forces du secteur de la finance participative est l’élan de partage et de solidarité. En cas de difficultés, la banque accompagne son client dans la quête d’une solution qui ne lèse pas les deux parties. Ceci s’illustre par cette notion de « Mouassir » englobant une panoplie de dispositions permettant à la banque de revoir avec son client les modalités de paiement sans revoir les montants afin de les aligner par rapport à l’impact financier de cette personne. Ainsi, si un client est en difficulté la banque se met d’accord avec lui sur un plan de fonctionnement lui permettant de dépasser la période durant laquelle il ne sera pas amené à honorer ses engagements.

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Sukuk, la grande nouveauté de la place

Elle a fait la une des médias la semaine dernière. La première émission de sukuk souverains, prévue ce vendredi 5 octobre, vient marquer un nouveau pas dans le développement de l’industrie de la finance participative au Maroc. L’opération portera sur l’émission de sukuk Ijara d’un montant de 1 milliard de dirhams. Le programme dans sa globalité devrait tourner autour de 10 milliards de dirhams. Selon la définition apportée par les professionnels du secteur, les sukuk sont «un moyen d’investissement qui permet de générer du rendement en ligne avec les convictions de ceux qui entreprennent d’y investir».

Cependant, même les autres investisseurs conventionnels peuvent également y investir du fait que cet instrument présente des caractéristiques de rendement, de liquidité et de sécurité différents des autres instruments déjà présents sur le marché financier. Les sukuk sont un outil qui permettra non seulement aux entreprises de financer leurs projets de développement mais également à l’Etat de financer ses projets structurants. Techniquement, la première émission concernera des sukuk Ijara portant sur l’usufruit d’un bien qui existe déjà. Les professionnels confient dans ce sens que les sukuk n’auront d’intérêt pour la banque participative que lorsque cette dernière sera capable de les émettre dans le futur. A ce moment-là, les sukuk peuvent être un instrument de liquidité et d’accès à du refinancement.

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