On a tous rêvé de ces élections communales comme une fête de la démocratie. Comme le franchissement d’un seuil nouveau dans un processus de transition salutaire. Comme une avancée inexorable de la roue dentée de l’Histoire. Une affaire de progrès. Le rêve est en train de tourner au cauchemar. A part le fait que nos élections, désormais transparentes, sont propres, cette vertu nouvelle, chez nous, n’apporte rien à la démocratie. Le retrait de l’administration du tripatouillage électoral a ouvert la voie à d’autres forces plus maléfiques, encore, plus vicieuses et plus nuisibles. La triche commence très tôt. En amont. Dans la sélection et le débauchage des élites électorales. Les fameux notables électoraux qui se sont forgés une «honorabilité», une réputation, dans le contrôle et le commerce de voix et de scrutins. La case «jour du vote» devient une formalité. Seul le taux de participation continue à revêtir une pertinence. Un taux de désapprobation. Mais le paroxysme de notre système électoral est atteint avec la constitution des bureaux et l’élection des présidents et des maires. Des élus vendus, achetés, intimidés, molestés, rabaissés, etc. L’indignité, la vulgarité, la violence atteignent leur comble. Nous, on en est encore à nous congratuler d’une transparence théorique alors que la fange nous arrive au cou. Des élections propres accouchent d’élus sales. La bonne affaire. La morale n’est pas sauve. Nous pouvons encore changer cette réalité sordide. Par la loi. Nous sommes encore quelques-uns à croire en son pouvoir ! Un nouveau code électoral de haute valeur morale qui clarifie, notamment, la portée du ridicule et pitoyable article5. Un mode de scrutin sérieux et discriminant pour les tricheurs. Des maires connus à l’avance et qui défendent des projets de ville contre les mafias électorales. Tout est possible car nul n’est tenu à la médiocrité, au rabaissement et à la fatalité de l’indignité.