Editorial

Éditorial

Sur dix années, la mutation du ministère de l’intérieur marocain est incontestable. Petit à petit, sous les coups de boutoir de la modernisation, «la mère» des ministères est devenue un département ministériel, certes toujours assez lourd, mais dorénavant assez avancé dans la voie de la banalisation démocratique. Les technocrates qui se sont succédé à sa tête, après le départ de Driss Basri, ont tous mis un point d’honneur à mettre à niveau le ministère, à le normaliser et à le réintégrer dans le jeu institutionnel comme un ministère avec moins de propension à l’hégémonie et, surtout, avec une démarche plus empreinte de modestie et d’efficacité. Aujourd’hui Chakib Benmoussa s’inscrit dans ce même sillage qui se veut professionnel et serein. S’il n’y avait pas eu les cafouillages multiples et la cacophonie générale des dernières élections communales, le bilan serait presque parfait. Le hasard — disons le hasard pour être consensuel — a voulu que le bilan des 10 ans de mutation de ce ministère coïncide avec un scrutin communal assez polarisé et l’arrivée sur le marché politique d’un nouveau parti dont la caractéristique essentielle est d’être fondé par un ex-patron de ce même ministère et qui se réclame — qualité rare — de l’amitié personnelle du Roi. Une situation pour le moins assez originale qui va rapidement devenir une épreuve. En fait, un vrai test grandeur nature pour le professionnalisme et la neutralité récentes revendiqués par le ministère de l’Intérieur. Malgré des dégâts circonscrits mais dont le coût politique est réel, l’appareil a tenu face à une forte bourrasque jamais vue. Le ministère de l’intérieur a changé mais il lui restera pour l’avenir à consolider ses «acquis électoraux» en les immunisant plus efficacement — il y va de l’avenir de la démocratie dans le pays — et à protéger davantage ses hauts cadres des pressions extérieures conjoncturelles.

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