Editorial

Éditorial

Est-ce que le Maroc doit s’arrêter pendant la gestation constitutionnelle? Suspendre la vie politique ? Mettre l’action gouvernementale sur pause ? Cesser l’exécution des projets ? Mettre entre parenthèse les grands travaux ? Ne plus accueillir d’investissements ? Ne plus signer des accords? Arrêter de recevoir des touristes ? Geler notre participation dans les institutions internationales ? A l’évidence les réponses à ces questions en rafale sont toutes négatives. La vie  continue, et celle d’une Nation, au risque d’une mort subite, ne peut se permettre une pause aussi refondatrice soit-elle. Maintenant que cette question est réglée on peut passer à une autre, plus pratique. Est-ce que la période que nous vivons — une exigence démocratique impérieuse, dans le sillage des printemps arabes,  portée par des mouvements de jeunesse et à laquelle  le Souverain a répondu positivement par une refonte historique, globale, de la Constitution — ne mérite-t-elle pas au-delà de la réponse royale sur le fond un traitement politique qui retisserait des liens de confiance entre l’état et la jeunesse du pays. En fait, il s’agit d’imaginer des mesures de confiance, des décisions, à la fois immédiates, symboliques et significatives pour doter le processus en cours d’un minimum de sérénité sans laquelle la tension entretenue continuera à grandir et pourra, à tout moment, aboutir à un échec aux conséquences incalculables. L’objectif par ces mesures appropriées et ces décisions judicieuses est de rompre le cercle vicieux de l’antagonisation en cours de la société. D’un côté la vérité absolue, le cœur, la générosité, le 20 février, les Adlistes vertueux, les altermondialistes, etc. et de l’autre côté les ignobles suppôts de la réaction, de la prédation économique, du makhzen, de la monarchie rétrograde, de la contre-révolution, etc. Bref, le beau Maroc de demain contre l’hideux anti-Maroc d’hier ! Cette simplification dangereuse est à récuser. Les valeurs de progrès, de justice sociale, d’égalité, de démocratie sont portées légitimement au Maroc, depuis des décennies, par de larges franges de la société. Elles ne sont l’exclusivité de personne. Et personne n’en a le monopole. Le discours royal du 9 mars 2011 est venu explicitement et clairement ranger la Monarchie marocaine, celle de Mohammed VI, dans le camp de ces forces du progrès. Il faut juger la volonté royale dans les faits, sur les résultats,  et non pas sur la base de procès d’intention. Selon l’AFP, un ex-exilé marocain, installé à Paris, qui se dit proche du 20 février a déclaré : «Il faut que la Constitution émane des forces représentatives du peuple et non pas de celui qui y a intérêt. On rejette le fait du prince, nous ne voulons pas d’une Constitution octroyée». A part l’impression de disque rayé, puisque cela nous renvoie à un débat, tranché par l’Histoire, de la fin des années 50, et le relent blanquiste de cette déclaration, on mesure le chemin qui nous reste à parcourir pour rassembler aujourd’hui les Marocains, tous les Marocains, sur un nouveau projet de société fédérateur qui soit à la hauteur de la civilisation marocaine. Il s’agit pour nous d’inventer collectivement notre propre révolution, et non pas de verser dans un mimétisme révolutionnaire sans issue propice à toutes les impostures.

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