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La tragédie de Driss Faïz

En ce moment, il doit être assis dans un coin de sa cellule, en train de penser et de se lamenter sur son sort en se posant mille questions sur ce qui se passe autour de lui. Il ne sait ni lire ni écrire. Il ne parle ni français ni espagnol. Le seul moyen linguistique de communication pour lui est le dialecte marocain. Il est donc incapable de transmettre à ses geôliers ses souffrances ou ses doléances. Devant le tribunal, il ne pourra pas se défendre, puisqu’il ne comprend pas ce qui se dit autour de lui et ignore ses droits. Et, ce qui est plus grave, il ne sait même pas de quoi on l’accuse.
Il s’agit du jeune homme marocain, Driss Faïz, détenu en Espagne pour immigration clandestine qui était porté disparu, et qui fut retrouvé grâce aux investigations de notre rédaction.
En effet, c’est suite à l’article publié dans notre édition du 2 décembre 2002 sous le titre : « Mystère autour d’un porté disparu », que nous avons été contactés par les services de l’ambassade d’Espagne à Rabat qui nous a informés que Driss se trouvait dans le centre pénitencier de Las Palmas (ÃŽles Canaries).
Ainsi, grâce aux investigations entreprises par un cadre de cette ambassade, il s’est avéré que Driss avait été incarcéré dans cette prison depuis le 12 juin 2002, et qu’avant d’y être conduit, il avait été interné dans la prison de « Tahiche » de Lanzarote.
L’histoire du jeune Driss commence le 13 mai 2002, lorsque sa famille reçoit un message adressé par la gendarmerie royale de Laâyoune l’informant que « le nommé Driss Faïz…a embarqué sur un chalutier en compagnie de vingt personnes à destination de Las Palmas (îles Canaries) et que l’ensemble des candidats a été arrêté par la garde civile de la ville ».
S’attendant à ce qu’il soit rapatrié dans les jours qui suivent, les parents de Driss patientent des jours, des semaines puis des mois avant de conclure que ce silence ne pouvait être normal.
Les parents, habitant au douar Chrouka – Aouald Aïssa dans la province d’El Jadida, ont chargé l’oncle de Driss, qui, lui, travaille à Casablanca, d’entreprendre des recherches afin de s’enquérir de la situation de leur fils.
L’oncle commence par envoyer des correspondances aux autorités consulaires marocaines de l’archipel canarien sollicitant leur aide pour retrouver son neveu. Après plusieurs téléfax et une attente de plusieurs semaines sans recevoir de réponse, il frappa à d’autres portes dont le ministère des affaires étrangères, l’ambassade du Maroc à Madrid…etc. des initiatives qui sont restées sans résultat. C’est alors que, sept mois plus tard, il s’était mis en contact avec notre rédaction pour solliciter notre soutien.
Lorsqu’on nous a appris que Driss se trouvait en état de détention au sein de la prison de Las Palmas accusé d’être le patron de la Patera ayant servi à la tentative d’immigration clandestine, nous avons été choqués par l’information. Car, comment peut-on croire qu’un jeune homme de moins de dix-huit ans, ayant toujours vécu dans un douar à la campagne et n’ayant aucune expérience maritime puisse organiser un tel voyage et conduire sur un chalutier, avec tout ce que cela nécessite comme savoir faire, de Laâyoune jusqu’à Las Palmas.
Pour répondre à ces questions, il fallait prendre attache avec Driss. Pour ce faire, nous avons obtenu le numéro de téléphone de la prison de Las Palmas réservé aux communications avec les détenus. Mais, nous avons été surpris d’entendre la responsable de ce service nous dire qu’elle ne peut donner suite à notre demande (voir transcription de la communication).
Enfin, il faut signaler qu’en absence d’une mobilisation effective pour lui assurer un soutien judiciaire, Driss, malgré son innocence, risque d’être condamné à trois ans d’emprisonnement.

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