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L’Afghanistan maître de son avenir ?

La Loya Jirga, cette grande assemblée traditionnelle afghane composée d’élus des différentes provinces, a connu de nombreux blocages et conflits avant même son ouverture. S’il représente un espoir immense pour toute la population après plus de vingt années de guerre et de privation, ce Conseil est avant tout le rendez-vous de l’avenir politique du pays. Son rôle, prévu par les accords de Bonn (Allemagne) le 5 décembre, est tout simplement d’amener l’Afghanistan dans un système démocratique. Un processus long qui nécessite le respect par tous des procédures et décisions. Prérogatives auxquelles tous les Afghans n’adhèrent semble-t-il pas, ancrés qu’ils sont depuis des années dans un fonctionnement tribal géré par des chefs de guerre et des groupes ethniques. D’où la stabilité politique fragile trouvée par l’actuel chef intérimaire, Hamid Karzaï, depuis sa prise de fonction fin décembre dernier.
A cela s’est ajouté le retour tant attendu de l’ancien roi Zaher Shah après des années d’exil en Italie. Président de l’actuelle Loya Jirga, le patriarche était jusqu’à dimanche dernier, «prêt à assumer n’importe quelle responsabilité qui lui serait offerte». Mais, contre toute attente, l’ancien monarque déposé en 1973 a déclaré lundi qu’il renonçait à occuper le poste de chef de l’Etat que de nombreux délégués souhaitaient lui confier. Une annonce plus précisément faite par l’émissaire américain pour l’Afghanistan, Zalmay Khalilzad.
D’où les soupçons portés sur le rôle des Etats-Unis dans cette décision, Washington étant peu enclin à laisser un symbole de la monarchie -si ancienne fut-elle- à la tête de l’Etat. «Il y a eu une forte pression des Américains entre dimanche et lundi. C’est une ingérence déplacée.
Les Afghans n’aiment pas les ingérences », a même dénoncé le beau-frère et conseiller de l’ex-roi, Homayoun Assefy Shah. Mardi, un des 1551 élus à la Loya Jirga a affirmé que «de nombreux délégués» menaçaient de s’en retirer en signe de protestation.
D’après plusieurs observateurs européens et des Nations Unies, la diplomatie américaine aurait justement décidé de passer à l’action quand elle a compris que la majorité des représentants du conseil était favorable à l’ancien roi.
Ce qui plaçait leur «protégé» Hamid Karzaï dans une position délicate. Mais les Américains n’avaient-ils pas prévu qu’en faisant cela, ils entraîneraient une vive polémique, et menaceraient même le bon déroulement de ce Conseil ? N’avaient-ils pas pensé que le retrait de Zaher Shah pourrait entraîner la chute d’Hamid Karzaï, dont l’appui des Pachtounes, fidèles au roi et majoritaires dans le pays, reste fragile. «Nous doutons qu’elle (la Loya Jirga) se déroule aujourd’hui parce que les partisans du roi sont bouleversés par le jeu que Khalilzad a joué», a répété mardi un membre du comité d’organisation de l’assemblée tandis que l’ex-président Burhanuddin Rabbani annonçait à son tour son retrait dans la course à la présidence. Si le département d’Etat américain a de son côté répondu ne pas avoir de position sur le rôle politique précis que devrait jouer l’ancien roi, il a bel et bien oeuvré pour ouvrir toutes les voies à Hamid Karzaï. Un allié inconditionnel de Washington pour qui la lutte contre le terrorisme était loin d’être finie.

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