Le sommet, auquel ont assisté en revanche presque tous les leaders européens, a pour objectif de relancer un partenariat engagé en 1995 avec l’ambition de faire du bassin méditerranéen un "espace commun de paix et de stabilité" et une zone de libre-échange.
"Les intentions étaient nobles mais les résultats sont très modestes", a résumé le ministre d’Etat algérien Abdelaziz Belkhadem. Et ce partenariat ne semblait pas reprendre souffle au moment où le processus de paix au Proche-orient connaît de sérieuses difficultés.
Les dirigeants arabes "ont sous-estimé les possibilités de succès du sommet", a regretté le chef de la diplomatie italienne, Gianfranco Finni.
L’Europe, dont les arabes ont toujours espéré un rôle de contrepoids face aux Etats-unis, "n’a pas fait suffisamment pression sur Israkl", a encore affirmé M. Belkhadem qui a exprimé de la manière la plus franche les difficultés rencontrées au sommet.
Le principal point d’achoppement, comme l’a reconnu le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Abou Gheëth, a été le conflit israélo-palestinien.
Alors que les Européens et Israkl réclamaient l’adoption d’un "code de conduite" anti-terroriste, les représentants arabes ont demandé que soit reconnu le droit des Palestiniens "à la résistance contre l’occupation".
"Il ne faut pas mélanger les choses: la résistance est un droit légitime reconnu par la communauté internationale", a expliqué le ministre égyptien.
"Là où il y a occupation il y a résistance", a estimé de son côté le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa.
Pour bien marquer cette distinction, le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a affirmé sa "condamnation" des actes terroristes "où que ce soit dans le monde", lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre britannique Tony Blair qui assure la présidence de l’UE.
Tout en soulignant la nécessaire distinction entre les deux notions, M. Blair a affirmé que "le terrorisme est un obstacle en vue de l’instauration de deux Etats", dans une allusion aux attaques du Hamas et du Djihad. Le malentendu restait entier.
Toujours au sujet du Proche-orient, les pays arabes ont souhaité mentionner dans la déclaration finale du sommet la nécessité de faire de cette région une zone dénuée d’armes nucléaires. Ce à quoi les Israéliens se sont fermement opposés, selon M. Abou Gheëth.
Le thème de la lutte anti-terroriste, devenue priorité mondiale depuis les attentats anti-américains du 11 septembre, a éveillé les inquiétudes de l’Algérie. "Il faut faire la différence entre la lutte contre le terrorisme et l’islamophobie et l’arabophobie", a recommandé Abdelaziz Belkhadem.
Ce dernier a par ailleurs critiqué la volonté de l’UE de conditionner son aide économique aux réformes politiques réalisées dans les pays arabes.
"Nous trouvons humiliant que les Européens nous demandent des réformes en échange de quelques euros. Qu’ils gardent leurs euros car nous voulons des réformes dans un cadre de souveraineté", a-t-il affirmé.
Selon une source européenne, l’Egypte et la Tunisie, souvent épinglées par les ONG sur les questions des droits de l’Homme, ont opposé de fortes résistances aux pressions de l’UE leur demandant de prendre des engagements en matière de bonne gouvernance et de démocratisation.
L’Algérie a enfin émis des réserves sur le projet de mise en place en 2010 d’une zone de libre-échange. Avec des économies peu compétitives, selon elle, les pays du sud de la Méditerranée risquent de devenir un simple marché pour les produits européens.
Résumant le sentiment des pays arabes au sommet, l’analyste égyptien Mohamed Sabreen a estimé que le rendez-vous a été une "déception" et que "l’Europe a tourné le dos aux arabes".