La campagne électorale palestinienne bat son plein et devrait culminer, ce dimanche 9 janvier, avec l’annonce du successeur de Yasser Arafat. Mahmoud Abbas, le grand favori de ces élections présidentielles, mène sa campagne en s’arc-boutant sur les principes d’Arafat.
Une valeur sûre pour ratisser large d’autant plus que le Hamas a décidé, en début de cette semaine, de boycotter l’élection et que la violence dans la région est montée d’un cran, ces derniers jours. «État indépendant» aura été le maître-mot de Mahmoud Abbas, durant toute sa campagne. Il a tenu à rassurer la masse en affirmant son attachement indéfectible aux «lignes rouges» tracées par Arafat : un Etat indépendant et souverain sur les terres de 1967, le démantèlement des colonies, le droit au retour des réfugiés et Jérusalem-Est comme capitale. Une ville qui retiendra l’attention des observateurs politiques internationaux, tant elle est le point névralgique de ces élections présidentielles. David Adari, un membre d’extrême droite du Conseil municipal israélien de Jérusalem, n’a pas mâché ses mots en annonçant, jeudi, qu’il comptait saboter le vote des Palestiniens, à Jérusalem-Est, en bloquant les bureaux de poste où le scrutin devrait se dérouler. « Nous serons plusieurs centaines à venir pour régler nos factures, acheter des timbres et créer ainsi des files d’attente très longues à l’intérieur et à l’extérieur des bureaux de poste », avait précisé David Adari sur les ondes d’une station de radio israélienne. La déclaration s’est répandue comme une traînée de poudre et a suscité l’indignation de plusieurs députés arabes israéliens.
Ces derniers sont allés, vite, demander à leur Premier ministre, Ariel Sharon, d’intervenir d’une manière «urgente» pour étouffer dans l’oeuf ce «sabotage». La campagne électorale se joue dans un mouchoir entre Mahmoud Abbas et Mustapha Barghouthi. Candidat indépendant, Barghouthi, le grand rival d’Abass, est connu par son verbe acerbe et son charisme qui enflamment les foules. Ce médecin, âgé de 51 ans, avait jeté un pavé dans la marre en dénonçant, il y a plusieurs années, la corruption et la concentration des pouvoirs au sein de l’Autorité palestinienne présidée jusqu’au 11 novembre 2004, par le leader historique Yasser Arafat. Le dénominateur commun entre ces deux candidats favoris dans cette présidentielle est le nouveau programme qu’ils comptent adopter une fois à la tête de l’Autorité palestinienne. Un programme qui oeuvre pour une «paix juste» et une refonte globale de l’ordre interne de cette organisation. Mais pour se démarquer de son puissant rival «longtemps numéro deux après Yasser Arafat», Barghouthi a affûté ses armes et avance, intelligemment, des plus massues de ses arguments massues : Mahmoud Abass, 69 ans, «incarne le vieux système». C’est un véritable bras de fer entre ces deux stratèges palestiniens, qui se terminerait, ce dimanche, par l’annonce officielle de celui qui succédera au père de l’Intifada, Yasser Arafat.